Ouganda : Bobi Wine dans un « état critique » après de violentes manifestations

L'épouse de Bobi Wine, Barbie Kyagulanyi, a déclaré que le jeune homme de 36 ans s'était vu refuser la visite de son médecin de famille et que les efforts de ses avocats pour obtenir son transfert dans un établissement médical spécialisé avaient échoué.

Hier, l'association médicale ougandaise (UMA) a annoncé qu'elle avait réuni une équipe de spécialistes, notamment de néphrologues, des gastro-entérologues et de cardiologues, pour s'occuper de Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi.

« L'hon. Kyagulanyi s'est vu refuser la visite de son médecin de famille », a déclaré le Dr Ekwaro Obuku de l'UMA. « En fait, nous avons reçu une demande de l'équipe juridique de l'hon. Kyagulanyi pour apporter des soins médicaux spécialisés dont il a besoin de toute urgence pour sauver sa vie. Le plus important est maintenant de lui porter secours ! Sinon, les conséquences peuvent être désastreuses. »

Un communiqué publié par Barbie Kyagulanyi le 17 août, indique que le chanteur a été torturé au point de perdre connaissance.

« Aujourd'hui, je suis allée avec des avocats et des membres de la commission ougandaise des droits de l'homme à la prison militaire de Makindye. Après plusieurs jours, j'ai pu voir mon mari de mes propres yeux. Bobi souffre. Il a un visage enflé - très déformé. Son front est meurtri et ses yeux sont rouges. Il ne peut pas marcher, Il a été transporté dans la pièce où nous l'avons vu. Il ne peut pas s'asseoir droit. »

Les charges

L’opposition politique a été arrêtée la semaine dernière dans un hôtel d’Arua et a ensuite été inculpée devant la cour martiale générale de Gulu (Ouganda), pour possession illégale d’armes à feu et de munitions. Les responsables de la sécurité affirment avoir récupéré des armes à feu dans la chambre d’hôtel du chanteur et affirment qu’il est l’un des commanditaires derrière le supposé jet de pierres, sur le convoi du président Yoweri Museveni à Arua (Ouganda) le 13 août. Il sera détenu à la prison de Makindye jusqu'au 23 août.

Barbie Kyagulanyi a déclaré à la BBC que son mari n'était pas au courant des accusations auxquelles il est confronté.

« Il a été surpris quand nous lui avons dit qu’il était accusé de posséder des armes à feu », a-t-elle déclaré. « C'était la première fois qu'il en entende parler. Il se demande pourquoi il est jugé par un tribunal militaire. Mais il sait que cela fait partie du prix qu'il doit payer pour ce en quoi il croit. Il demande aux Ougandais de rester fermes, même face à une telle répression ».

Le président Museveni a publié dimanche une déclaration rejetant les allégations selon lesquelles le musicien aurait été torturé, qualifiant le récit de « fausses nouvelles ».

Élections partielles et arrestations

Le 14 août, des agents de sécurité ougandais sont entrés par effraction dans la chambre de Bobi Wine au Pacific Hotel à Arua et ont prétendu avoir récupéré deux AK-47, un pistolet, 15 téléphones, six T-shirts rouges et 46 comprimés blancs. Le raid et l'arrestation ont eu lieu après que le chauffeur de Bobi Wine, Yasin Kawooya, ait été tué par balle dans le parking de l'hôtel. On pense que c'est la police qui a tiré sur ce dernier, bien que cela n'ait été confirmé de manière indépendante.

Bobi Wine, qui est affilié au Forum pour le Changement Démocratique (FDC) de l'opposition, est arrivé à Arua le 12 août pour faire campagne pour le candidat indépendant Kassiano Wadri lors d'une élection municipale. Au même moment, Museveni, président de la République, faisait campagne pour Nusura Tiperu du Mouvement de Résistance Nationale (NRM), qui a finalement perdu les élections.

Un rapport de police a indiqué que les partisans de Wadri avaient attaqué le cortège présidentiel, obligeant les forces de sécurité à tirer des gaz lacrymogènes sur la foule. Ils ont également tiré des balles réelles en l'air. Cela a été suivi de l'arrestation d'une trentaine de personnes, dont les députés de l'opposition Francis Zaake, Paul Mwiru, Gerald Karuhanga et Wadri. Le tribunal de première instance de Gulu a accusé le groupe de trahison et les a placés en détention provisoire jusqu'au 30 août.

L'attaque du Pacific Hotel

Une source qui était avec Bobi Wine avant son arrestation a déclaré à Music In Africa sous couvert de l'anonymat, qu'il n'y avait pas d'armes à feu ou de munitions dans la chambre d'hôtel. La source explique que Bobi Wine et son équipe suivaient les informations du soir, quand ils ont entendu des coups de feu dans le parking.

« Vers 19h30, un de nos collègues est entré dans le restaurant et nous a dit que notre chauffeur, Yasin Kawooya, avait été abattu dans le parking de l'hôtel », a indiqué la source. « Nous nous sommes tous précipités pour voir notre ami, mais nous avons trouvé la police qui nous attendait. Quand ils nous ont vus, ils ont couru vers nous et Bobi Wine est allé s'enfermer dans sa chambre d'hôtel ».

Candia Luiji, propriétaire du Pacific Hotel, a déclaré que Bobi Wine n’était pas entré dans l’hôtel avec une arme à feu visible et a accusé la police d’avoir volé environ 80 millions de shillings ougandais (21 000 dollars).

Bobi Wine s'est récemment entretenu avec Music In Africa à propos de la dernière campagne de répression sur Internet en Ouganda. Lisez l'article ici.

Cet article a été écrit par Lucy llado et traduit par Lamine Ba