
Tunisie : 5 questions à Imed Alibi
Imed Alibi, artiste aux multiples talents et Chevalier des Arts et des Lettres de la République française, a dirigé les JMC en 2019. Il continue son engagement au sein du festival en tant que conseiller. Dans cette interview, tenue en marge de la dixième édition des Journées Musicales de Carthage, il revient sur la vision de cette édition, les enjeux et défis rencontrés lors de l’organisation d’un évènement ce cette envergure dans le contexte tunisien, ainsi que les problématiques liées à la mise en place d'une coopération panafricaine
- Imed Alibi
Quelle est la vision artistique de cette édition par rapport aux précédentes, et quel est le rôle dans la continuité du festival ?
La vision artistique de cette édition s'inscrit dans la continuité des précédentes, fidèle à la philosophie du festival : être une plateforme pour les artistes émergents d'Afrique et du Moyen-Orient. Mon objectif a toujours été de maintenir cette direction, quelle que soit la personne à la tête du festival. Avec Dorsaf, nous poursuivons le travail entrepris avec Hamdi Mahlouf, et celui que j'ai mené en tant que directeur en 2019, puis conseiller de 2021 à 2023. L'essentiel est de préserver cette philosophie. Il est rare qu'un ministère de la Culture soutienne un festival underground, surtout à une époque où les musiques émergentes rencontrent des difficultés, notamment de distribution. C'est pourquoi nous continuons à développer les JMC et les positionner comme un marché étoffé de panels et rencontres professionnelles.
Quels sont les enjeux principaux qui entravent l'organisation d'un festival en Tunisie, et comment affectent-ils les jeunes talents locaux ?
Les défis demeurent inchangés : la forte demande des jeunes artistes pour diffuser leurs œuvres et se produire à l'étranger se heurte à un marché international difficile d'accès. Le marché tunisien, de taille modeste, et les problèmes de mobilité des artistes constituent des obstacles majeurs. Les contraintes budgétaires, exacerbées par l'augmentation des coûts de transport et la diminution des subventions, compliquent l'organisation et la participation à des événements tels que les Journées Musicales de Carthage (JMC).
Quel impact les JMC ont-elles eu sur les artistes tunisiens en termes de collaborations internationales ?
Depuis 2016, les JMC ont servi de tremplin pour de nombreux artistes tunisiens, leur offrant une visibilité internationale. Yuma, Sabrine Jenhani en sont des exemples marquants. En 2019, les JMC ont renforcé leur rôle en introduisant des prix internationaux, tels que le PRIX TV5MONDE « JEUNES TALENTS MAGHREB » et le Prix Musique 360 qui ont permis de soutenir des artistes comme Sabrine Janhani et ( peux-tu compléter stp, le nom d’était pas audible) . Les JMC sont une véritable plateforme de rencontres, favorisant les collaborations le réseautage que ça soit de manière formelle ou informelle lors des panels, rencontres et les afters, stimulant ainsi l'émergence de nouvelles connexions dans le milieu musical.
Quels sont les obstacles pour la mise en place d’une coopération panafricaine et comment les surmonter ?
Le principal obstacle à la coopération Sud-Sud, réside dans les démarches administratives et politiques. Les procédures de visa sont un frein majeur, et il est incompréhensible qu’il y ait des restrictions de visas entre pays africains, et pourtant. Le transport international reste également un problème de taille, car il faut souvent passer par des hubs comme Johannesburg ou Istanbul pour se rendre à Tunis, au lieu de pouvoir bénéficier de vols directs. C'est un problème structurel qui relève des politiques publiques, et il faudrait une réelle volonté politique pour faciliter cette coopération et surmonter ces obstacles logistiques.
Quelles sont vos ambitions pour l'avenir des JMC, notamment en termes de transformation numérique et de direction artistique ?
Si je trouve ma place dans les prochaines éditions, je souhaite voir le festival se renouveler avec de nouveaux jeunes talents qui prendront les rênes, avec peut-être une direction artistique différente. Cependant, il est essentiel que la direction artistique reste fidèle à l’âme du festival. L'important est de donner à ces jeunes les moyens nécessaires, que ce soit en communication, en presse, ou en ressources. Concernant la transformation numérique, le JMC VR est une belle initiative qui a eu un grand impact. Le numérique est un axe stratégique essentiel pour le festival, que ce soit pour la monétisation via la distribution, les solutions numériques pour la distribution de musique, ou pour les événements comme la réalité virtuelle (VR) qui permet d'initier le public à ces nouvelles technologies. Cela fait partie des axes pour répondre aux attentes des jeunes artistes et à l'évolution de l’industrie musicale, qui est de plus en plus digitale.
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