
La SACEM franchit les 1,6 milliard d’euros de recettes grâce au streaming et aux réseaux sociaux
La SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) a collecté un montant record de 1,6 milliard d’euros (1,73 milliard de dollars au taux de change moyen de 2024) de revenus combinés en 2024, issus de ses activités en France et à l’international. Ce résultat reflète une forte croissance mondiale, stimulée par l’expansion du numérique.
- Cécile Rap-Veber, directrice générale de la SACEM.
Les revenus internationaux ont bondi de 15 % sur un an pour atteindre 749 millions d’euros, représentant près de la moitié des recettes totales de la SACEM. Cette croissance est en grande partie attribuée à l’élargissement de la présence de l’organisme sur les plateformes de streaming et les réseaux sociaux. Parallèlement, les recettes domestiques en France ont légèrement progressé de 2 % sur un an pour atteindre 852 millions d’euros, poursuivant une tendance haussière amorcée avec 835 millions collectés en 2023 et 832 millions en 2022.
Au total, les revenus ont augmenté de 7,7 % par rapport aux 1,487 milliard d’euros enregistrés en 2023. À titre de comparaison, la société américaine ASCAP (American Society of Composers, Authors and Publishers) a vu ses revenus progresser de 5,7 % pour atteindre 1,835 milliard de dollars, tandis que la GEMA, en Allemagne, a enregistré une hausse de 4,7 % à 1,133 milliard d’euros.
Active dans plus de 180 territoires, la SACEM indique que 510 000 auteurs, compositeurs et éditeurs ont perçu des droits en 2024, contre 458 000 l’année précédente. L’organisme a redistribué 1,379 milliard d’euros aux ayants droit, soit une hausse de 12 % par rapport à 2023, tout en maintenant son taux de frais de gestion stable à 10,8 %.
L’effectif des membres a également fortement augmenté, avec 13 400 nouveaux membres en 2024, dont 27 % ont moins de 25 ans. La SACEM représente désormais 240 000 créateurs de 177 nationalités, dont 13 % sont non français.
Dans une stratégie de développement à l’international, la SACEM a obtenu 16 nouveaux mandats en 2024, s’associant notamment avec le Burida en Côte d’Ivoire, l’IPRS en Inde, ou encore l’éditeur Believe Sentric. Ces partenariats s’ajoutent à un portefeuille de 70 mandats déjà actifs, incluant Universal Music Publishing International, l’ASCAP, la SOCAN (Canada) et la KOMCA (Corée du Sud).
« Ces dernières années, la SACEM a fait de l’internationalisation et de l’innovation numérique les moteurs de sa croissance, au bénéfice direct de ses membres », déclare Cécile Rap-Veber. « En recherchant de nouveaux mandats et en renforçant notre présence sur les marchés numériques mondiaux, nous avons élargi notre champ d’action et généré des revenus supplémentaires pour les auteurs, compositeurs et éditeurs que nous représentons. »
En 2024, la société a consacré 20,3 millions d’euros à des actions culturelles, soutenant 3 600 projets à travers la France. Parmi ceux-ci, le financement de 1 200 concerts dans des petites communes, 478 festivals et 185 salles de spectacle.
Rap-Veber ajoute : « Même si notre action s’étend à l’international, elle reste profondément ancrée dans les territoires. La SACEM soutient des milliers de projets — concerts, festivals, résidences ou programmes éducatifs — qui font vivre la musique là où elle se crée, se partage et se célèbre. Dans une société fragilisée par les fractures sociales, générationnelles et géographiques, la musique joue un rôle essentiel : elle crée du lien, éveille les consciences et garantit l’accès à la culture pour tous. »
Pour l’avenir, la SACEM prévoit de lancer un nouveau fonds de dotation au second semestre 2025 afin de soutenir la création artistique, l’éducation aux arts et la transmission des savoirs culturels. Elle développe également Collab+, une plateforme de mise en réseau destinée aux auteurs, compositeurs et éditeurs, dont le lancement est prévu dans les six mois.
Début 2024, la SACEM a conclu un partenariat avec la plateforme de streaming Deezer pour mettre en place en France un système de rémunération centré sur les artistes en ce qui concerne les droits d’édition. Dans son rapport annuel, la SACEM qualifie cette initiative d’« avancée majeure vers une redistribution plus équitable des droits », visant à promouvoir les créateurs professionnels et à lutter contre les contenus frauduleux ou de faible valeur, tels que les bruits blancs ou la musique générée par intelligence artificielle.
Patrick Sigwalt, compositeur et président du conseil d’administration de la SACEM, revient sur les mutations en cours :
« Dans un monde où l’intelligence artificielle redéfinit les frontières de la création, nous devons agir avec clarté, détermination et solidarité. La SACEM n’est pas seulement une société de gestion, elle incarne une communauté unie, engagée dans la défense des droits des créateurs et la valorisation du travail créatif. »
Et de conclure :
« Face aux défis qui se présentent, nous restons fermement convaincus que l’innovation ne doit jamais se faire au détriment du droit d’auteur. Par nos valeurs de solidarité, de transparence et d’entraide, nous continuerons à protéger et à soutenir les créateurs, pour bâtir un avenir équitable et durable pour tous. »
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