Mort du journaliste camerounais Amobé Mévégué : l'Afrique sous le choc

C'est avec une grande tristesse que nous vous annonçons qu'Amobé est parti rejoindre ses ancêtres. Il laisse derrière lui un grand vide.

Cette brêve publication, faite ce matin sur la page Facebook d'Amobé, a complètement plongé la presse africaine et mondiale, ainsi que le secteur culturel du continent, dans une profondre mélancolie.

Il y a quelques semaines, le journaliste camerounais enterrait sa mère ; maintenant, c'est lui qui est emporté par une courte maladie. Il laisse orpheline la scène musicale africaine qu'il a fidèlement servie pendant près de 33 ans.

Parti de son Cameroun natal pour la France à l'âge de 5 ans, Amobé intègre le Conservatoire libre du cinéma français en 1992. Parallèlement, il travaille pour plusieurs radios africaines et antillaises (Tabala FM, Tropic FM, ou encore Media Tropical). 

En 1996, il coproduit Africa Musica, un hit-parade bien spécial, qui permet au public du monde entier de découvrir les plus belles créations musicales du continent africain ainsi que leurs auteurs.

À partir de 2002, Amobé anime l'émission Acoustic sur la chaîne française TV5 Monde, et il y promeut des créateurs aux origines et aux tendances musicales diverses.

La toute dernière vitrine d'art que le journaliste camerounais tenait avant sa disparition tragique, c'est l'émission À l'affiche de la chaîne France 24, sur laquelle il a reçu en juin dernier, la chanteuse sénégalaise Maïna, ainisi que Dudu Sarr, le promoteur du salon Dakar Music Expo.

Et comment oublier le Worldwide Afro Network (WAN) ? La plateforme qu'il a créée alors que la pandémie du coronavirus paralysait la scène culturelle mondiale en 2020, pour inspirer de la résilience aux créateurs, leaders et innovateurs d'Afrique.

Amobé Mévégué, c'est un promoteur culturel généreux et passionné que le continent perd, un homme qui a toujours cru dans l'ingéniosité artistique de l'Afrique.

Sur les réseaux sociaux, quelques artistes africiains ont tenu à rendre un dernier hommage à celui que l'on appelait le « dealer d'ondes positives ». Ci-bas, le message de la star sénégalaise Youssou N'Dour sur Facebook :

Un ami, un frère et « Mon goro » comme j'aimais t'appeler vient de nous quitter. Une chose est sûre : ange tu étais avec nous, ange tu resteras. Un panafrifricain convaincu vient de nous quitter. Prières pour le repos éternel de son âme. Forever #RipAmobeMevegue.

Le rappeur Didier Awadi, un des membres du célèbre groupe Positive Black Soul (PBS) a lui aussi laissé un message sur le réseau bleu :

Mon frère Amobé nous quitte. L'Afrique perd un de ses fils les plus valeureux.

Le chanteur et koriste malien Sidiki Diabaté a publié sur Facebook, un message plein de gratitude à l'endroit du disparu :

Repose en paix au paradis Amobé Mévégué. Merci pour tout.

En Côte d'Ivoire, le chanteur de coupé-décalé Ariel Sheney est dépité, comme beaucoup de ses collègues :

Nous venons de perdre un combattant de nos cultures. L’un des meilleurs journalistes Franco-Camerounais que j’ai connu. Un homme ouvert, profondément panafricaniste et sincère dans sa démarche de mettre en lumière notre cher continent. Nous sommes tellement bouleversés. Amobé Mévégué mon grand frère, tu vas tellement nous manquer.

En dehors des artistes, toute la communauté des professionnels du secteur culturel du continent (médias, managers, promoteurs d'événements) est affectée par la triste nouvelle. Ci-bas, un témoignage de Lamine Ba, de la rédaction de Music in Africa :

C’est une grosse perte pour l'Afrique, le secteur musical est sous le choc aujourd’hui. Amobé était un vrai panafricain, un militant des musiques africaines, un des premiers.

C’était aussi un fédérateur des scènes du continent et des générations. Son ultime projet, le WAN était la plateforme par excellence qui réunissait aussi bien les plus grands noms africains que les futures stars du continent. Son legs est immense nous devrons nous montrer à la hauteur pour perpétuer son œuvre.