
L’engagement politique et social, un sacerdoce pour les artistes africains ?
Du Nigeria au Mali, en passant par la Côte d’Ivoire et la Guinée, l’Afrique de l’Ouest connaît des tensions politiques et sociales qui ont vu les artistes les plus en vue de ces pays, donner de la voix, parfois de leur personne, pour dénoncer ou appeler à la paix.
- La star Nigériane Davido au milieu de la foule lors d'une manifestation #EndSars (Photo) : Official Twitter handle of Davido
Davido, Burna Boy et d’autres artistes nigérians sont montés au front avec le mouvement #EndSars dans leur pays, pour interpeller directement le président Buhari et son gouvernement. En Côte d’Ivoire, il y a quelques mois, Meiway a été l’un des premiers artistes à dénoncer dans une vidéo choc, le revirement d’Alassane Ouattara qui se présente finalement pour un troisième mandat présidentiel.
Au Mali, Salif Keïta, on peut le dire, avait prédit et conseillé en vain son « Koro » IBK, avant que celui-ci ne soit renversé par des militaires qui ont depuis enclenché une transition porteuse d’espoir pour le pays.
Des artistes guinéens comme Black M, Azaya ou Soul Bang’s appellent depuis hier à l’apaisement, face à une crise naissante où l'on ne dénombre plusieurs morts depuis dimanche, après des votes à l'issue desquels les camps du président sortant Alpha Condé et Cellou Dallein Diallo son principal opposant, crient tous les deux victoires et voient s’affronter mortellement leurs partisans.
#EndSARS, Davido mène la protestation au Nigeria
La campagne #EndSars est peut-être le plus grand mouvement de protestation de l'histoire récente du Nigeria, et la star d'afrobeats Davido a été l’un des chanteurs les plus célèbres à monter au front avec les manifestants pour dénoncer la brutalité policière dans la capitale nigériane Abuja. Sa chanson « Fem » est même devenue un l’« hymne » de la protestation.
La semaine dernière les manifestations contre la Special Anti-Robbery Squad (SARS) se sont intensifiées et ont vu des stars internationales comme Rihanna et Beyoncé, exprimer leur soutien à la campagne #EndSARS.
La star de l’afro-fusion Burna Boy a été lui à la tête d’une manifestation qui a eu lieu au Haut-commissariat du Nigeria à Londres (Angleterre) le 21 octobre dernier. Il a été particulièrement actif sur les réseaux sociaux, en dénonçant notamment les fusillades du Lekki Toll Gate Shooting.
S’adressant à Sky News, Burna Boy a déclaré que ces manifestations font partie des « moments les plus importants » de l'histoire du Nigeria.
Pour Davido qui a reporté la sortie de son album A Better Time, pour prendre la tête du mouvement : « Il s’agissait de faire entendre nos voix. Je suis allé aux manifestations #EndSARS comme tout jeune Nigérian pour marcher avec mon peuple ».
Selon Amnesty International, depuis le début du mouvement, au moins 56 personnes sont mortes dont 38 cette semaine.
Black M dénonce les tueries en Guinée
Dans un tweet largement commenté hier, la star du rap français Black M a exprimé toute sa préoccupation pour ce qui se passe actuellement dans son pays d’origine, la Guinée, où des manifestations ont aussi éclaté depuis dimanche, après que des millions de Guinée se soient rendus aux urnes pour élire un nouveau président.
« Des évènements très graves, d’une cruauté indescriptible touchent actuellement plusieurs pays du continent africain, et parmi eux la Guinée Conakry, mon pays d’origine. Des innocents se font actuellement tuer et nous assistons, impuissants, à une montée de l’ethnocentrisme », a écrit l’ex-membre du groupe Sexion d’Assaut.
Alpha Diallo a appelé à la paix et exprimé sa solidarité à tous les pays voisins actuellement en prise à une crise politique grave : « grosse pensée pour le Nigeria, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso… Nous voulons que tout cela cesse. Nous souhaitons la paix et voir une Afrique rayonnante de par son humanité, son économie, sa culture, ses citoyens…»
Outre, Black M, des artistes guinéens comme Azaya ont condamné les violences post- électorales. Le chanteur a dénoncé les tueries et exigé justice pour les victimes.
« C’est avec consternation et beaucoup d’indignation que j’apprends le décès de plusieurs jeunes guinéens. Ce vaillant peuple ne mérite pas ça. Que justice soit rendue pour ces innocents » a posté sur sa page Facebook l’auteur de « Gnougnou ».
Avant lui, le Lauréat du prix Découvertes RFI en 2016, Soul Bang’s s’était lui aussi érigé contre les brutalités policières dans un tweet : « La brutalité policière est la pandémie actuelle ! Quelle que la soit la cause des manifestions, vous êtes là pour canaliser pas pour mettre le feu nom de Dieu ! Surtout quand les gens ne sont pas en train de vous agresser... » #StopPoliceBrutalityGuinee.
Alors que le président sortant est en phase de rempiler pour un troisième mandat consécutif, et que son principal opposant Cellou Dalein Diallo, « séquestré » chez lui dénonce une « fraude à grande échelle », des incidents entre ses partisans et les forces de l'ordre ont éclaté ces derniers jours. Depuis le début de la crise post-électorale, des sources font état de 10 morts en Guinée.
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