
Ibraaz : un nouveau centre artistique londonien pour donner la voix aux artistes du Sud global
Fondé par la curatrice et mécène tunisienne Lina Lazaar, Ibraaz ouvrira ses portes le 15 octobre 2025 à Fitzrovia, en plein cœur de Londres.
- Ibraaz ouvrira ses portes le 15 octobre 2025 à Fitzrovia, en plein cœur de Londres.
Installé dans un bâtiment classé de 10 000 pieds carrés, ce nouvel espace ambitionne de devenir un refuge pour le dialogue, la réflexion critique et la liberté d’expression à un moment où celle-ci, selon sa fondatrice, « se rétrécit dans la presse, les universités et même certaines institutions culturelles ».
Soutenu par la Fondation Kamel Lazaar, du nom du père de la fondatrice — homme d’affaires tunisien et grand promoteur des arts en Afrique du Nord et au Moyen-Orient —, Ibraaz marque une nouvelle étape dans l’engagement familial en faveur de la création contemporaine. D’abord né sous la forme d’une plateforme en ligne dédiée à l’art arabe et africain, Ibraaz prend aujourd’hui corps comme un lieu d’exposition, de débat et de recherche dédié aux artistes issus du “monde majoritaire” (Afrique, Asie, Amériques et diasporas).
« Il n’a jamais été aussi nécessaire de créer les conditions d’un véritable dialogue et d’un espace de questionnement sincère », déclare Lina Lazaar. « Nous vivons une époque d’inégalités profondes et de désespoir collectif. Offrir un lieu où aborder des sujets difficiles, urgents et essentiels avec respect et ouverture est une contribution nécessaire. »
Pour son exposition inaugurale, Ibraaz présentera Parliament of Ghosts, œuvre monumentale et évolutive de l’artiste ghanéen Ibrahim Mahama, déjà exposée au Manchester International Festival en 2019. Composée d’objets récupérés au Ghana, cette installation interroge la mémoire collective, les ruines du pouvoir et les héritages postcoloniaux.
Le centre abritera également une “bibliothèque en résidence” imaginée par The Otolith Collective, tandis que les libraires indépendants Burley Fisher Books géreront une librairie permanente, dont la première sélection sera curatée par le Palestine Festival of Literature. Un programme de conférences et de rencontres viendra compléter la programmation.
Dans un contexte de tensions croissantes autour de la liberté de parole dans les milieux culturels britanniques, Lazaar insiste sur l’importance de l’indépendance financière d’Ibraaz :
« Ne dépendant pas de fonds publics, nous avons la liberté d’accueillir des œuvres et des débats que d’autres institutions jugeraient inconfortables. C’est à cette frontière du désaccord que se construisent les conversations réellement transformatrices. »
Ibraaz rejoint ainsi un réseau d’institutions artistiques indépendantes portées par des mécènes africains, telles que Fondation H à Madagascar, 32Bis en Tunisie, Fondation Zinsou au Bénin ou encore le Zeitz MOCAA en Afrique du Sud. Ensemble, ces initiatives redessinent la carte mondiale de l’art contemporain et affirment la vitalité du Sud global comme espace de pensée et de création.
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