La scène live en Guinée

Quelques festivals permettent aux mélomanes guinéens d'avoir de la bonne musique live. Mais certains de ces événements n'ont pas pu être pérennisés, pour des raisons financières ou administratives.

Le tout premier festival consacré aux musiques urbaines fut initié en 2001 par le groupe Kill point. Mais il n’a connu que 2 éditions avant de disparaître totalement. L'initiative a été imitée par les organisateurs du festival Anene, exclusivement consacré au reggae. Lancé en 2006, l'événement qui a pourtant fait succès disparaîtra après une seule édition, pour des raisons jusque-là méconnues.

Le festival Manifest qui a connu jusqu'à 8 éditions déjà, est à ce jour l’un des plus connus du pays, tant pour la qualité de son spectacle que pour sa constance. À chaque édition, des invités de marque viennent de toute l'Afrique et même de la France.

Parmi les nombreux festivals qui font vibrer la Guinée, on pourrait aussi citer le festival Simandou qui s’est ouvert en mai dernier, à l’initiative de l’artiste Djoma Fanta Fofana, originaire de la ville de Dabola.

Le festival National des Arts et de la Culture (FNAC), qui est un des rendez-vous culturels les plus importants du pays, a connu sa 15e célébration en septembre 2016, avec le grand mérite d'avoir mis en compétition les anciennes formations musicales de la révolution (Bafing jazz de Mamou et Kolima jazz de Labé).

Le festival de Fria dénommé Fristival, a été initié par Macka Traoré, animateur du groupe Hadafo média. Originaire de cette ville où se dresse la première usine d’alumine d’Afrique, Macka veut à travers son spectacle, exorciser la misère qui a éloigné le bonheur d'une cité autrefois florissante. À l'occasion du Fristival, Macka draine la crème du hit-parade guinéen dans sa ville pendant une semaine.

Hormis ces festivals ci-haut présentés, la capitale guinéenne vit aussi au rythme des veillées populaires communément appelées podha (NDLR : en langue pular signifie tirer). Tous les artistes en vogue se relaient dans les espaces publics, proposant ces veillées populaires où guitares, batteries et synthétiseurs soutiennent l'ambiance.

Quand on est de passage à Conakry, on a le choix entre chez Aldo (les  intimes), Maari faala, la Cigale, la Campagne, Wakkoré, la Fourchette Magique ou encore L'échangeur, pour consommer de la bonne musique live. En effet, de nombreux restaurants de la place font venir des chanteurs pour créer de la bonne ambiance.

Sa ferveur festive, Conakry l'a transmise aux principales villes de l’intérieur du pays, notamment à Kindia, capitale de la Basse Côte que l'on appelle aussi ville des agrumes. Mamou et Labé les deux métropoles de la moyenne Guinée encore appelée Fouta Djallon, sont elles aussi des villes où l'ambiance atteint des proportions folles.

Cette fièvre musicale s’est également exportée dans les zones rurales, où les artistes d’inspiration traditionnelle sont adulés.

Généralement au Fouta Djallon, les stars les plus en vue dans les soirées sont : Thierno Mamadou, Halima Bah, Mamadou Barry, Binette, Ousmane Kanoya, Boubacar Sonko et son ensemble, la troupe Gandho Maci.

Dans les clubs, un jour de la semaine est habituellement dédié aux prestations live des artistes. À Labé, les lieux les plus animés sont Ka kartadji qui n'est fonctionnel que les jeudis de 20h à 5h du matin, ainsi que le jardin de Saala, un complexe hôtelier local qui accueille sporadiquement des évènements de musique live. Bendekouré, un complexe bâti en bordure du ruisseau Bendekouré. Il accueille plusieurs fois par semaine des artistes qui se relaient sur scène, pour le plus grand plaisir des admirateurs. Les anciennes dépendances de la base militaire, à proximité de l’Aéroport de Labé, sont aussi très connues pour leurs soirées où folklore et sonorités modernes se mêlent.

À Mamou, ville carrefour, la configuration est différente. La plupart des boîtes de nuit n'accueillent que très rarement des prestations artistiques en live. Mais trois places de la ville, sont connues pour être des paradis pour mélomanes noctambules. Le plein air de la Pergola, le buffet de la gare et le carrefour Kimbely sur la sortie ouest de la ville.

Si les soirées et veillées sont prisées à Conakry et dans les villes du Fouta Djallon, il faut noter qu’elles ne le sont pas autant en haute Guinée et en Guinée forestière.

Du point de vue musical, les peuples de la Guinée forestière ont des rythmes assez proches de ceux du voisin ivoirien. Cette différence de style musical avec leurs compatriotes de la Basse Guinée, explique le fait qu'ils accordent peu d'importance au Podha dans leur région. 

Il importe de dire que les infrastructures nécessaires aux grandes performances live manquent quelque peu en Guinée. Pendant longtemps, les artistes du pays ne se sont produits qu’en play back dans des spectacles. L’esplanade du palais du peuple, est à cette heure le seul espace d’accueil digne de ce nom, dont disposent les artistes pour leurs shows. Le stade de Nongo, récemment achevé et en attente d’homologation, a été déjà utilisé pour accueillir de grandes manifestations comme les récents concerts de MHD, Black M ou encore Maitre Gims.

Pour compléter la liste, les plages de Takonko et de Rogbané à Conakry ont longtemps accueilli des concerts live. Mais elles ont été suspendues après des bousculades mortelles survenues en 2014.

Pour ce qui est des promoteurs de spectacle, le premier nom que l'on cite le plus souvent, est celui de Tidjane Soumah. Avec plus de trois décennies d’expérience dans les métiers du spectacle, il a offert aux Guinéens de mémorables concerts, dont celui de MHD.

Malick Kebé, un peu plus discret ces derniers temps, reste l’un des premiers organisateurs de festival de musique en Guinée. Mohamed Ibn Abdallah Oularé, plus connu sous le surnom de Benedi, est également un important producteur et organisateur de spectacles.