
Cameroun - Vansy se dévoile : Me voici en tranches de vie
Porté par des sonorités enracinées dans les rues de Yaoundé et nourri d’une ferveur spirituelle profonde, Me Voici, le premier EP de Vansy, se déploie comme un récit personnel mis en musique.
- Vansy
Avec Me Voici, son premier EP, Vansy livre plus qu’un simple projet musical. Il y condense un parcours de vie marqué par la chute, la lutte intérieure et la quête de sens. Huit titres comme autant d’étapes d’un itinéraire spirituel, où la parole chante la douleur autant qu’elle murmure l’espérance. Et si le gospel en constitue la colonne vertébrale, ses veines sont irriguées par les sons du continent : Mbolé camerounais, Afropop, coupé-décalé, rumba congolaise… Une fusion organique, vivante, fidèle à son environnement.
Rien ne prédestinait pourtant Vansy à une telle trajectoire. Originaire d’un quartier modeste de Yaoundé, il grandit dans l’urgence de la débrouille, là où la rage remplace souvent les rêves. L’adolescence le malmène. Entre dérives, arrestations et nuits sans horizon, il frôle le point de non-retour. C’est alors qu’une faille s’ouvre. Silencieuse, discrète. Elle porte le visage de sa mère, celle qui l’invite à lire autrement les visions qu’il traverse. À y voir un appel. Un possible.
Guidé par cette intuition, il choisit de s’effacer du tumulte pour se recentrer. Pendant quatre ans, il s’engage dans une église évangélique. Ce n’est pas qu’un retour à Dieu, c’est une plongée en lui-même. Il y découvre le chant, la scène, le partage. Il y découvre aussi que sa voix, longtemps tue, peut désormais faire écho chez les autres. Que son histoire peut guérir.
Me Voici est donc un point de départ, mais aussi une déclaration. Celle d’un Afro-Gospel assumé, à la fois ancré et audacieux, débarrassé des clichés lisses et figés. Un gospel nourri du réel, de la rue, des luttes ordinaires, mais aussi de la beauté brute des musiques populaires africaines.
Chaque morceau de l’EP suit un fil narratif limpide : la confrontation à soi, l’effondrement, l’appel à l’aide, la main tendue, la renaissance.
Mais l’univers de Vansy ne se limite pas au son. Il s’étend à l’image, au récit, au cinéma. En parallèle de la sortie musicale, il dévoile Tranche de Vie, un téléfilm réalisé par Vianey Nkada, inspiré de son vécu. On y suit le parcours d’un jeune homme en errance, à la dérive, qui finit par s’accrocher à la foi et à l’art pour se reconstruire. Ce n’est pas une glorification, mais un témoignage.
En réunissant musique et fiction, Vansy dépasse les formats traditionnels. Il ne cherche pas à séduire, mais à transmettre. À incarner. À tendre la main à d’autres, encore dans l’ombre. Son projet devient ainsi un acte de foi autant qu’un acte d’expression. Une œuvre d’utilité sensible.
Car pour lui, la musique n’est pas un simple métier. C’est une mission. Une manière de rendre grâce, de rendre compte, et peut-être, de rendre possible la lumière là où tout semblait éteint.
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