
Les artistes sud-africains explosent sur Spotify et s’imposent sur la scène mondiale
Les artistes sud-africains vivent une ascension sans précédent, portée par des millions d’écoutes, des royalties en forte hausse, et une audience mondiale toujours plus curieuse de sons africains authentiques. C'est ce que révèle le dernier rapport Loud & Clear de Spotify, présenté la semaine dernière à Johannesburg, en Afrique du Sud.
- Phiona Okumu (à droite), responsable de la musique pour l'Afrique subsaharienne chez Spotify, lors de la présentation du rapport Loud & Clear.
Une scène locale, un écho global
En 2024, les artistes sud-africains ont été découverts pour la première fois plus d'1,1 milliard de fois par des auditeurs sur Spotify, une augmentation de 55 % par rapport à 2023. Et ce succès n’est pas uniquement local : plus de 600 000 heures d’écoute par jour sont enregistrées à l’échelle mondiale pour des titres sud-africains, preuve d’un rayonnement international grandissant.
Dans une déclaration au ton résolument optimiste, Jocelyne Muhutu-Remy, directrice générale de Spotify pour l’Afrique subsaharienne, affirme :
« Nous ne faisons pas que soutenir les artistes sud-africains. Nous réinventons la manière dont ils peuvent bâtir des carrières durables. »
Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large où les artistes africains s’imposent dans les classements mondiaux. En tête de file, Tyla, originaire de Johannesburg, vient de franchir le cap symbolique du milliard d’écoutes sur Spotify avec son tube mondial « Water », devenant ainsi la première artiste solo africaine à reussir cet exploi.
Langues locales, portée mondiale
L’une des surprises du rapport concerne la forte croissance des revenus liés aux chansons interprétées dans les langues locales. Les morceaux en zoulou, sotho ou afrikaans ont vu leurs royalties plus que doubler depuis 2021, une tendance qui reflète un appétit international croissant pour les sons enracinés dans les cultures locales.
En chiffres :
- +345 % pour les chansons en sotho
- +114 % pour l’afrikaans
- +112 % pour le zoulou
Une professionnalisation accélérée
Selon le rapport, le nombre d’artistes sud-africains générant plus de 100 000 ZAR (≈ 5000 EUR) ou 500 000 ZAR (≈ 25 000 EUR) en royalties a doublé en deux ans. En parallèle, plus de 3 000 artistes sud-africains ont été ajoutés à des playlists éditoriales de Spotify, un levier important pour accroître la visibilité et les revenus.
La consommation locale n’est pas en reste : une augmentation de 281 % sur trois ans pour les écoutes de contenus sud-africains par des Sud-Africains eux-mêmes, et +96 % sur une seule année. Cette fierté locale alimente une industrie plus résiliente, moins dépendante des circuits internationaux traditionnels.
Quelles leçons pour le marché francophone africain ?
Alors que l’Afrique du Sud récolte les fruits d’un écosystème structuré et d’une meilleure accessibilité numérique, de nombreuses régions d’Afrique peinent à suivre le même rythme.
Selon Phiona Okumu (responsable de la musique en Afrique sub-saharienne chez Spotify) les coûts élevés de la data, l’irrégularité de la connexion Internet, et le manque d’infrastructures professionnelles freinent la croissance du streaming dans des pays comme la République Démocratique du Congo ou le Cameroun.
Malgré un vivier d’artistes talentueux et une forte demande culturelle dans ces pays, le manque d’accès abordable au streaming empêche les artistes francophones de monétiser pleinement leur musique. Le modèle sud-africain montre qu’avec un soutien ciblé, un marché dynamique peut se développer. À condition de lever les barrières structurelles, le potentiel de l’Afrique francophone est immense. C’est ce que Spotify essaie de résoudre avec ses fonctionnalités d’écoutes hors-ligne par exemple, toujours selon cette dernière.
Une révolution en marche
Au-delà des chiffres, Spotify semble vouloir redéfinir les règles du jeu. L’initiative Loud & Clear vise à apporter plus de transparence sur le fonctionnement des revenus liés au streaming, offrant ainsi aux artistes une meilleure compréhension des mécanismes économiques en jeu.
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