Mohombi : « le Congo doit reprendre le flambeau de la musique africaine »
Le chanteur Mohombi est revenu récemment s’installer en RDC après un long séjour aux États-Unis. Nous l’avons rencontré au siège de sa radio U.FM à Kinshasa, il nous parle de sa carrière, de ses projets dans l’humanitaire et bien sûr de son groupe de médias qu’il a récemment lancé. Entretien :
- Le chanteur congolais Mohombi. (Photo) : @hamza.thitah
Quelle est ton actualité musicale ?
En tant que musicien et producteur, je compose pour plusieurs artistes dans le monde. J’ai composé et coproduit le dernier tube de Jennifer Lopez qui s’intitule « Dinero » qui a bien marché. J’ai moi-même sorti un nouveau single qui s’appelle « Mr Loverman » qui a été bien accueilli par le public. Ça fait longtemps que j’ai reçu un feedback aussi enthousiaste.
Comment s’est faite la rencontre avec Jennifer Lopez ?
Avec Jennifer la rencontre s’est faite à Madrid (Espagne) il y a 4 ans. C’était à l’occasion d’une fête et depuis nous avons gardé contact. J’ai composé la chanson que je lui ai présentée, après d’autres artistes se sont également impliqués (DJ Khaled, Cardi B)
De quoi parles-tu dans « Mr Loverman » ?
Je parle d’une histoire d’amour entre un homme et une femme. Ils sont toujours ensemble malgré les hauts et les bas dans leur relation amoureuse. Je parle de mon expérience avec ma très chère et tendre épouse. Ça fait 15 ans qu’on est ensemble et j’arrive toujours à être son « Mr Loverman ».
La plupart de tes chansons sont interprétées en Anglais. Cibles-tu particulièrement une audience internationale ?
J’ai toujours cherché à toucher un maximum de monde avec ma musique. J’avoue qu’au début de ma carrière en 1998 et 1999, je m’exprimais beaucoup en Suédois (Mohombi est née d'une mère suédoise et d'un père congolais) et en français, je me suis installé à Los Angeles (Californie, États-Unis) pour maîtriser l’Anglais. Le côté international de ma créativité, si je peux me permettre de le dire ainsi, est en anglais.
Tu as entamé une tournée dans les écoles de Kinshasa. Quel est l’objectif de cette initiative ?
C’est ma fondation United Congo qui est derrière cette initiative. La radio U.FM nous accompagne également. L’objectif est de dire aux collégiens de Kinshasa combien ils sont chanceux, parce qu’ils ont accès à l’éducation que certains n’en ont pas. C’est un éveil, une conscientisation de la jeunesse, nous voulons les aider à se poser des questions assez tôt sur leur propre avenir.
Pendant les concerts nous récoltons des jouets, des habits et des chaussures qu’on va ensuite distribuer à ceux qui en ont besoin. Beaucoup d’écoles ont apprécié cette initiative et nous avons été même récompensés par les associations d’élèves.
J’ai également reçu un email de la part d’une dame qui est présidente de l’association des parents d’élèves d’une école en Belgique qui souhaiterait passer par nous pour distribuer des jouets aux enfants, parce qu’elle s’est rendue compte que la plupart des jouets qu’ils envoient se retrouvent en vente.
Ce genre de reconnaissance nous fait du bien et nous encourage davantage.
Je me sens investi d’une mission, celle de rendre au Congo ce qu’il m’a donné. Je peux être beaucoup plus utile ici qu’ailleurs.
Vous avez créé un groupe de médias dont la radio U.FM fait partie. Quelle est l’idée derrière cet investissement ? Gagner de l’argent ou tout simplement faire la promotion de votre musique.
Le Congo est constitué majoritairement de jeunes. Nous avons remarqué avec mon partenaire (Djo Moupondo, est le frère de Mohombi et cofondateur du label La Clique Music) que ces jeunes n’ont pas d'espace pour s'exprimer. C'est pour cela nous avons décidé de créer cette radio, pour les permettre de s’exprimer et de communiquer à travers des événements, des concerts, des forums de discussions dans les universités. Donc, le but ne pas de faire la promotion de ma musique.
Comment ta radio compte-elle accompagner les artistes en RDC ?
Pendant la tournée dans les écoles, nous nous faisons toujours accompagner d'artistes, à qui nous donnons la chance de prester devant un public jeune.
Nous avons également mis en place une programmation pour promouvoir la musique locale à travers notamment des playlists. Notre ambition c’est d’être proche de nos auditeurs. Nous interagissons avec eux à travers des émissions, des dédicaces, également sur les réseaux sociaux.
Nous avons un bon feed-back de nos auditeurs, certains d’entre eux nous appellent. Des gens croient en ce projet, le but c’est devenir numéro 1.
Le mouvement afrobeat venu du Nigeria gagne l'Afrique entière. Face à cet emballement comment les artistes congolais peuvent-ils faire la différence ?
C’est une très bonne question. Le mot-clé ici est l’organisation. Il faut arrêter de se contenter de miettes quand on peut avoir un gros gibier sur la table. Avec mes collègues musiciens, nous devons essayer de trouver le point commun sur lequel on peut s’accorder. Le souci, c’est justement de reprendre le flambeau de la musique africaine. Ce n’est ni le talent ni la créativité qui nous manque, c’est plutôt l’organisation.
Nous devons nous mettre ensemble. Les chanteurs nigérians sont un très bon exemple, dès qu’il y a un nouveau son qui sort, c’est tout le monde qui soutient, même s’ils sont concurrents, à un moment donné ils se disent, nous avons quelque chose en commun, celle de mettre notre en musique en avant. Si, nous entre musiciens congolais on n’arrive pas à s’organiser, c’est un échec total.
Comme l’afrobeat, la rumba congolaise peut-elle s’internationaliser ?
Voici ce que les Nigérians ont fait : ils ont juste pris leur afrobeat qu'ils ont mélangé au highlife ghanéen et l’ont adapté au format international avec de beaux clips. Il y a des jeunes artistes au Congo qui le font et commence à prendre conscience. J’entends des sons, je regarde des clips, enfin, je ne suis pas du tout inquiet de la nouvelle génération.
La Clique Music, ton label, a récemment lancé un service de streaming musical, disponible pour l’instant au Cap-Vert. Quelle l'ambition as-tu sur cette nouvelle plateforme?
Nous avons l’ambition de pouvoir proposer à notre clientèle africaine ce que d’autres plateformes comme Deezer ou Spotify ne peuvent pas. À partir d’un opérateur mobile un abonné via l’application peut avoir accès à la musique locale, chose que les plateformes internationales ne font pas, elles ne proposent pas de contenu local.
Notre ambition est de devenir la référence du streaming en Afrique. Nous avons commencé au Cap-Vert, bientôt ça sera le Ghana et après la RDC.
Si tu arrêtes la musique aujourd’hui, quel autre métier vas-tu exercer ?
Je souhaiterais être Papa à plein temps (rire). Je serais tout le temps à la maison, parce que j’ai passé beaucoup de temps à voyager.
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