Samira Brahmia : « Représenter l’Algérie est à la fois une fierté et une responsabilité. »
Au cœur du CANEX WKND à Alger, Ano Shumba, envoyé spécial de Music In Africa, a eu une rencontre enrichissante avec la chanteuse algérienne Samira Brahmia. Ils ont échangé sur la place de la musique algérienne dans le paysage africain et sur les défis auxquels sont confrontés les artistes d’aujourd’hui.
Votre performance lors de CANEX WKND a été l'un des moments forts de l'événement. Comment avez-vous ressenti le fait de représenter la musique algérienne sur une scène africaine aussi importante ?
Représenter l’Algérie est à la fois une fierté et une responsabilité qui m’accompagnent chaque jour. Lors de l’ouverture du Canex 2024, j’ai eu l’opportunité de partager la richesse de notre culture, ses langues et ses rythmes. Ce fut un moment marquant pour moi, car je crois fermement en la nécessité d’une industrie culturelle africaine dynamique.
Vous êtes connue pour mélanger la musique algérienne traditionnelle avec des genres modernes. Comment cette fusion a-t-elle influencé votre prestation à CANEX WKND, et comment abordez-vous le mélange de ces styles dans vos compositions ?
L’Algérie se trouve à la croisée de plusieurs cultures, ce qui en fait un point de rencontre unique. Cette diversité m’inspire à fusionner les genres dans ma musique, un processus qui se fait naturellement grâce à mes brillants musiciens de renommée internationale. Je souhaite transmettre aux artistes émergents que la réussite repose sur le travail d’équipe, l’écoute et la réflexion.
La musique algérienne a une riche histoire, du Rai aux sons classiques andalous. Comment percevez-vous l'évolution de la scène musicale algérienne, et où pensez-vous qu'elle se dirige dans les années à venir ?
Je suis convaincue que la richesse de la musique algérienne continuera d’inspirer les générations futures. Cependant, je souligne que nous ne devons pas tenter de contrôler la direction que doit prendre la musique. Chaque proposition a sa valeur, et il y a de la place pour tous. Il est également essentiel de réfléchir à la préservation de notre patrimoine culturel.
CANEX WKND a rassemblé des artistes de toute l'Afrique. Quelle importance accordez-vous aux collaborations interculturelles pour des artistes comme vous, et cet événement a-t-il suscité de nouveaux partenariats potentiels pour vous ?
Lors du Canex, j’ai eu le privilège de partager la scène avec de nombreux artistes du continent, et ce fut une expérience fascinante. Je pense qu’il est crucial d’organiser davantage de résidences artistiques où nous, artistes de toute discipline, pouvons nous rencontrer et échanger des idées. Ces moments de partage sont essentiels pour nourrir notre créativité.
En tant qu'artiste ayant performé à l'international, comment parvenez-vous à rester fidèle à vos racines algériennes tout en séduisant un public mondial ?
J’ai appris à clarifier ce que je veux accomplir et ce que je ne veux pas. Répondre aux normes internationales peut être intéressant, mais il est fondamental de se demander : sommes-nous prêts à le faire sans sacrifier notre culture ? Une réflexion sur la formation des métiers de la culture est nécessaire pour garantir une diffusion équitable des créations africaines.
Quels défis pensez-vous que la communauté musicale algérienne doit relever aujourd'hui, et quelles mesures pourraient être prises pour renforcer l'industrie tant pour les artistes émergents que pour ceux déjà établis ?
Le plus grand défi auquel nous faisons face en Algérie est la diffusion et la préservation de notre patrimoine. Avec la diversité artistique croissante, il est crucial de développer davantage de petites et moyennes structures de diffusion. Cela permettra aux jeunes artistes de se produire et de se confronter aux réalités du métier. La numérisation de nos œuvres est également essentielle pour leur protection.
Pouvez-vous partager des projets ou des collaborations à venir qui vous enthousiasment après votre performance à CANEX WKND ?
Je profite de cette occasion pour inviter tous les créateurs africains à rejoindre les sociétés de gestion collective de leurs pays et à protéger leurs œuvres. Cela fait partie intégrante de notre création africaine et de notre devoir de préservation. Un grand merci à tous les participants du Canex 2024 ! J’ai hâte de vous retrouver plus souvent sur le continent africain. J’espère que mon prochain album, Pink Casbah, prévu pour fin 2024, vous plaira et vous fera danser et réfléchir. Ne manquez pas mon concert au Café de la Danse à Paris le 12 décembre !
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