Fally Ipupa : Tokoss
Par Yvon Edoumou
Artiste : Fally Ipupa
Album : Tokoss
Année : 2017
Les albums se suivent et s’enchaînent ! Après celui de Ferré Gola , c’est Fally Ipupa qui nous balance Tokooos, le quatrième album d’une carrière solo commencé en 2006, un album fortement attendu en raison notamment des titres tels que « Kiname » et « Eloko o’yo ».
J’ai écouté les morceaux le nouvel album de Fally dès sa sortie le 07 juillet dernier.
18 chansons pour 60 minutes ? Je me dis que mes yeux et mon cerveau me jouent des tours. Oui j’ai bien lu. Donc ici se trouve la première bonne surprise de cet album : une moyenne de trois minutes 30 secondes par chanson, avec « Siamois », tout le monde danse, et « Na lingui yé» (avec MHD) faisant moins de trois minutes.
Malheureusement je ne peux prendre aucun crédit d’avoir influencé l’artiste sur la longueur des chansons mais il est bon de savoir que Fally s’est entouré de personnes qui comprennent cette notion de ne pas nous servir des morceaux kilométriques.
En comparaison avec notre étalon d’or qui est Emotion, (album de Papa Wemba qu’on peut écouter en moins de 60 minutes), si Tokooos ne comportait que 11 chansons, ce serait un album de 33 minutes, donc 5 minutes plus courts qu’« Emotion », quelle performance ! Donc bravo l’artiste !
Pas de « name dropping » (mabanga, dédicaces), pas de citation d’illustres inconnus- ni d’illustres connus. Il cite rapidement un nom sur le titre « Kiname », et après plus rien.
Donc il est possible pour un artiste congolais de chanter sans mabanga. A y voir de plus près, les albums sans dédicaces sont l’œuvre de maisons de production basées hors des frontières congolaises qui comprennent les exigences de l’industrie musicale internationale. Second bravo !
Avec cet album, nous sommes loin du Fally que nous avons connu et apprécié à travers ces trois premiers albums. Nous sommes loin des rumbas, loin des sebenes (style rythmé de façon dansante par les percussions) avec les frénésies de guitares et batteries, loin des cris des atalakus (animateurs). On est loin de Bandal, un quartier populaire de Kinshasa qui a vu grandir l’artiste.
Tokooos est un album expérimental : ni hip-hop, ni afrotrap, ni afropop, ni rumba Dans une interview au journal Le Monde il dit ceci : « Moi, je ne fais pas de l’afropop mais du tokooos, de la musique congolaise urbaine internationale ».
De la musique urbaine, avec parfois des paroles vides de sens comme dans « Jeudi Soir »:
Je sais ce que ton IPhone cache, tu sais ce que mon IPhone cache.
Après le premier morceau « Kiname », s’ensuit « Esengo » – la joie/le bonheur en lingala-, le morceau le plus proche de ses racines kinoises en termes de paroles et de rythme, qui se rapproche du single « Original » :
Benga maman, benga papa…Kinshasa derrière moi on va célébrer….Bandalungwa derrière moi on va célébrer………...Esengo ezali yé, esengo ezali yé….
Dans « Mannequin », on remarque la présence des stars françaises telles que Keblack et Naza. Les titres « Champ » et « Posa » viennent briser la monotonie d’une suite de morceaux que j’ai moins appréciée.
La chanson qui a été la plus traumatisante est « Nidja » avec la mégastar R. Kelly. Les premières 90 secondes, Fally chante en anglais (disons simplement pas bon), et puis survient R. Kelly, qui avec ce featuring donne du sens à la chanson.
Avec cet album l’artiste a pris un pari qu’il faut saluer. Un pari que de nombreux artistes, dont Ferre que je critiquais récemment, hésitent à prendre. Fally a décidé de sortir de sa zone de confort, en faisant une nouvelle expérience.
C’est ce qu’il faut retenir de Tokooos. Musicalement l’album est appréciable. Le mérite pour Fally est d’être sorti de sa zone de confort, pour tenter une autre expérience, une nouvelle aventure musicale.
Coup de chapeau l’artiste !
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