« Regards croisés » : trois jours pour revisiter la mémoire musicale du Sénégal
Depuis lundi, Dakar vit au rythme de la musique et de la mémoire. L’événement « Regards croisés sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise », placé sous la direction du Professeur Ibrahima Wane, a ouvert une fenêtre sur la richesse, la complexité et la vitalité du patrimoine sonore du Sénégal. Trois jours de conférences, de débats et de concerts qui font de la capitale un véritable forum de réflexion et de célébration.
Baaba Maal
C’est au Cercle Culturel Maurice Guèye de Rufisque, lundi 27 octobre, que les débats ont débuté. La table ronde d’ouverture, intitulée « L’héritage musical des premières villes sénégalaises », a réuni chercheurs, musiciens et étudiants autour d’une question importante : comment les premières cités du pays — Saint-Louis, Rufisque, Gorée, Kaolack — ont-elles façonné les premières formes de création musicale ?
Entre archives sonores, récits d’artistes et analyses historiques, cette rencontre a permis de mieux comprendre la genèse des rythmes qui ont nourri la modernité musicale sénégalaise.
Le lendemain, à la Maison de la Culture Douta Seck, les débats ont pris une autre dimension avec la conférence « Des airs typiques au mballax : visages et usages de la musique sénégalaise ». Chercheurs et musiciens ont exploré les multiples visages de ce genre musical devenu emblème national, tout en questionnant ses métamorphoses à l’ère numérique.
Le point culminant de la journée fut sans conteste le concert de l’Orchestre National du Sénégal, qui a fait vibrer la salle avec un répertoire traversant les époques : des classiques d’Ismaël Lô ou Baaba Maal aux hommages rendus à Youssou N'Dour, Oumar Pène et Thione Seck.
Aujourd’hui, mercredi 29 octobre, l’événement s’achève à la Place du Souvenir Africain avec la projection du documentaire « Le mballax dans tous ses états », suivie d’un débat intitulé « Le mballax, ses éclats et ses écarts ». Artistes, journalistes et chercheurs y interrogent les multiples facettes de ce genre musical, entre enracinement local et ouverture mondiale.
La soirée se conclura sur une sélection rétro des années 1970 et 1980, un clin d’œil nostalgique aux sonorités d’une époque où les orchestres populaires, les clubs dakarois et les radios locales faisaient naître les légendes.
Pour le Professeur Ibrahima Wane, initiateur et coordinateur scientifique du projet, cet événement dépasse la simple commémoration : « La musique sénégalaise est un miroir de notre société, un reflet de nos histoires et de nos aspirations. Ces trois jours sont une invitation à comprendre son passé, à célébrer son présent et à imaginer son futur. »
Ce cycle de rencontres s’inscrit dans une démarche plus large de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, en résonance avec la Convention de 2003 de l’UNESCO, dont le Professeur Wane est le référent national.
Avec « Regards croisés », Dakar offre une réflexion collective sur la mémoire, la création et la transmission. Trois jours qui rappellent que la musique, au Sénégal, est à la fois archive vivante et promesse d’avenir, un langage commun entre générations, entre le griot et le beatmaker, entre la tradition et le futur.
























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