L'enseignement musical au Niger
L’éducation musicale a connu de beaux jours dans les années 60 au Niger, avant d'entrer en léthargie en raison de considérations religieuses et coutumières. À la faveur de « La renaissance culturelle », les autorités nigériennes ont créé des écoles pour impliquer la jeunesse dans la mise en valeur des cultures locales.
Difficile aujourd’hui de trouver au Niger, une école qui soit suffisamment équipée pour initier les jeunes à la pratique de la musique. Quelques rares institutions proposent une formation musicale plus ou moins complète (guitare, saxophone), mais elles n’enseignent pas le programme scolaire national.
« Jusqu’au milieu des années 70, la plupart des écoles avaient dans leurs magasins, des instruments de musique et elles proposaient de la formation musicale aux enfants » se rappelle Aboubacar Yacouba Maiga, ancien musicien et cadre au ministère nigérien de la renaissance culturelle.
Ces écoles avaient hérité des programmes et des instruments de musique de l’ère coloniale, où l’éducation musicale occupait une place de choix dans le cursus scolaire, donnant lieu à la création des tous premiers orchestres nationaux.
« Les groupes musicaux étaient formés par des enfants de fonctionnaires de l’ex-AOF (Afrique Occidentale Française). Ils étaient notamment Nigériens, Béninois, Togolais ou encore Maliens » explique M. Maiga, ancien musicien.
Après l’abandon des programmes scolaires français en matière de formation musicale, le relais a été pris par les écoles normales d’instituteurs. Les élèves-enseignants qui en ressortaient, recevaient alors une formation de base, afin de créer des groupes musicaux dans les écoles.
Ainsi, des enseignants comme Oumarou Hadary (ancien ministre de la culture), le défunt Mamane Garba (docteur en musicologie), Sofo Barmini (ancien secrétaire général du ministère de la culture) et Rabo Mato, sont devenus de grands compositeurs, dont les élèves ont remporté la plupart des concours interscolaires nationaux.
Formalisation des créations artistiques au Niger
C’est à partir de 1979, quand l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) a été porté sur les fonds baptismaux, que la formation musicale a été officiellement relancée au Niger.
Avec la création de cette école, plusieurs cadres de la jeunesse et des sports sont formés, notamment en animation culturelle. Les élèves admis au Brevet d’Étude du Premier Cycle (BEPC) et faisant montre de certaines aptitudes, sont orientés vers l'établissement. Ils en sortent nantis d’un diplôme qui leur permet de former à leur tour d'autres jeunes nigériens, souvent regroupés dans les « Samarias ».
Les « Samarias » étaient des structures de jeunesse mises en place sous le régime de Seini Kountché (1974-1987) qui, en dehors des activités communautaires (reboisement, jardinage, salubrité), proposaient des animations culturelles afin de sensibiliser la population sur des questions sociales. Un grand Festival de la Jeunesse leur est dédié chaque année.
« Tous les soirs les jeunes se retrouvaient dans ces espaces, où ils s’exerçaient à la création artistique, celle musicale notamment. Chaque quartier disposait de sa Samaria, formée par les enseignants et animateurs culturels » se rappelle Omar Issoufou, un ancien membre d'une samaria.
À l'occasion de la première édition du concours de musique moderne nigérienne, dénommée « Prix Dangourmou » (en hommage à un des plus grands joueurs de vièle), tenue en 1987, naît le Centre National de Formation et de Promotion Musicale (CFPM Taya), chargé de former les musiciens nigériens dans plusieurs domaines.
« Il s’agit de renforcer leur capacité en matière de musique moderne puisqu’ils ont déjà la base » indique Aboubacar Yacouba Maiga, précisant que le centre est aussi ouvert aux ressortissants d'autres pays.
Plusieurs artistes nigériens bénéficieront de ces formations, à l’instar de Yacouba Danké Danké, le défunt Moussa Poussy, Idi Sarki ou encore Mamman Sani dit Admoul moula.
De nouvelles perspesctives pour la formation musicale au Niger
Après la création de l’INJS en 1979 et celle du CFPM Taya en 1988, les autorités nigériennes veulent aller plus loin dans la formation musicale.
Elles ont mis en place depuis la rentrée scolaire 2014-2015, des Écoles de Formation Artistique et Culturelle (EFAC), dont une dizaine est opérationnelle actuellement dans les chefs-lieux de régions nigériennes.
« Dans ces écoles les enfants apprennent tous les métiers de la culture » explique Nouhou Karidio, directeur de la promotion, de l’enseignement artistique et de la formation aux métiers de la culture au ministère nigérien de la renaissance culturelle.
Ces écoles accueillent des enfants non-admis au Certificat de Fin d’Études du Premier Degré (CFEPD). Ils reçoivent en plus des cours sur les métiers de la culture, des enseignements généraux « afin de pouvoir monter des projets ou leurs propres entreprise culturelles » selon M.Karidio.
Deux années après leur ouverture, ces étéblissements ont déjà accueilli environ 500 élèves. « Certes tout n’est pas encore au bon fixe, mais les jeunes sont motivés » reconnaît le directeur de la formation.
Le Niger entend également ouvrir dans les prochaines années, l’Institut Nationale des Arts et de la Culture (INAC), qui devra accueillir des étudiants pour une formation supérieure, telle que proposée dans les instituts des beaux-arts dans d’autres pays.
« Le Niger a des belles perspectives pour la musique en particulier et la culture en général, » reconnaît M. Karidio. Il va falloir cependant surmonter les pesanteurs sociales.
« Tant que les clichés liés à la religion et à la société persisteront, la musique et l’art en pâtiront, » regrette pour sa part Aboubacar Yacouba Maiga.
Références
-Institut national de la jeunesse des sports et de la Culture (INJSC) : école de formation des cadres de la Culture et des sports
-Ecole de formation artistique et culturelle (EFAC) : des centres nouvellement créés en vue de réinsérer des jeunes dans le cursus scolaire à travers la formation artistique et culturelle.
-Centre de formation et promotion musicales (CFPM Taya) : centre dédié à la formation musicale surtout pour les professionnels. Il forme tant des Nigériens que les étrangers
-Samaria : structure des jeunes au temps du régime de Sini Kountché et qui formait les jeunes à la musique et aux autres métiers de la Culture comme le théâtre
-Ecole normale des instituteurs : forme des enseignants à la pratique de la musique
-Ministère de la renaissance culturelle.
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Édité par Lamine BA
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