Ferre Gola : « Je suis l'un des ambassadeurs reconnus de la rumba congolaise »
Producteur, interprète et compositeur, Ferre Gola vient de sortir un cinquième album solo intitulé Dynastie, un projet musical aux multiples sonorités qui mêle rumba congolaise et musique urbaine. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le chanteur nous partage son amour pour la musique congolaise. Il nous parle également de la collaboration avec Innoss’B et Josey présents sur son nouvel album ainsi que de sa récente signature avec Sony Music Africa.
Vous êtes un chanteur et un compositeur de la rumba congolaise. Quels sont les artistes qui vous ont influencé ?
Il y a beaucoup d’artistes qui m’ont influencé et m’ont donné envier de faire de la musique dès mon jeune âge. Je peux citer Franco ou encore Tabu Ley. C’est à travers eux que j’ai découvert la rumba. C’est important pour moi de rendre hommage à ces grands artistes qui ont influencé ma carrière. J’ai aussi des influences internationales comme les Boys II Men aux États-Unis ou encore la grande chanteuse canadienne Céline Dion.
Cela fait plus de 15 ans que vous poursuivez une carrière solo. Depuis la sortie de votre premier album Sens Interdit en 2006 jusqu'à aujourd'hui, quels sont les moments clés qui ont marqué votre carrière ?
Beaucoup de moments clés et de rencontres ont marqué ma carrière, mais si je devais en choisir deux, je dirais mon premier concert à Bandalungwa, un des quartiers populaires de Kinshasa (où sont nés des orchestres tels que Wenge Musica). C’était très stressant pour moi de livrer ce show dans le quartier qui m’a vu grandir et je voulais à tout prix faire mes preuves. Le deuxième moment marquant de ma carrière fût mon concert au Zénith de Paris (France) en 2010. J’avais joué dans cette salle auparavant, mais là, avoir mon nom en tête d’affiche, c'était vraiment une fierté.
Le public vous a véritablement découvert au sein de l'orchestre Wenge Musica Maison Mère, cofondé par Werrason. Comment votre passage dans cette formation musicale a contribué à votre carrière ?
J’ai la chance d'avoir fait partie du clan Wenge Musica, j’ai beaucoup appris de mes ainés. Ensuite j’ai été le témoin vivant de la création de Wenge Maison Mère dirigé par mon ainé Werrason. J’ai vu comment il a dû bosser dur pour atteindre le sommet. Cette expérience m’a fait prendre conscience que dans la musique il faut beaucoup de détermination et de travail pour réussir. Il ne faut jamais baisser les bras. Ce qui fait que quand je me suis lancé dans ma carrière solo, je savais exactement à quoi m’attendre.
Vous avez été très actif pendant le confinement de 2020. Outre la sortie d'une chanson pour sensibiliser contre le Covid-19, vous avez participé à de nombreux concerts virtuels. Comment avez-vous particulièrement vécu cette période et comment cette pandémie a changé l’industrie de la musique, selon vous ?
La pandémie de Covid -19 a comme glacé le monde. Le temps était comme suspendu. Il régnait un climat d’angoisse. J’ai la chance d’exercer un métier qui me permet de toucher les gens, de les consoler, de les fortifier, ou encore de les divertir. J’ai vu une réelle opportunité de participer à ma manière à l'effort collectif à combattre cette pandémie, notamment lors du premier confinement avec mon concert « Home Accoustique », et le « Live Acoustique » pour l’initiative Africa Together en partenariat avec Facebook, etc. Je regrette que cette pandémie soit toujours d’actualité. Avec cette pandémie, l’industrie musicale a dû faire face à un réel défi et je pense que moi, ainsi que de nombreux artistes, avons su nous réinventer.
Vous venez de sortir un cinquième album, Dynastie. Contrairement au précédent projet QQJD, qui était 100% rumba congolaise, avec le nouvel opus vous avez fusionné avec d'autres sonorités, spécifiquement la musique trap. Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette orientation musicale ? À quoi devrait s'attendre réellement vos fans en écoutant cet album ?
En 2009, quand j’ai interprété le titre « Zazou » j’avais déjà commencé à faire des mélanges de style musicaux. Mon objectif est de sublimer la rumba en y ajoutant des sonorités de divers horizons. En 2020, j'ai surpris avec le titre « Regarde-moi » qui a reçu un accueil incroyable du public. Le style était totalement différent, j'interprétais essentiellement en français, accompagné d’un orchestre classique, dans une mise en scène de chanteur d’opéra. Ensuite, j'ai poursuivi la transition avec des petites covers, puis le single « Pyromane » est arrivé. Chaque étape de cette transition avait comme objectif de préparer mes fans à mon album Dynastie.
Je suis content de voir qu’aujourd’hui la rumba est reconnue dans le monde, notamment comme patrimoine de l’Unesco. Mes fans doivent s’attendre à des mélanges encore plus fous, mon objectif est de faire découvrir la culture congolaise à d’autres cultures, mais aussi de montrer à mes compatriotes que notre musique traverse les frontières.
Le nouveau projet est produit par Sony Music Africa avec qui vous avez récemment signé. Qu’est-ce que cette signature devrait vous apporter ?
Je travaille en indépendant depuis le début de ma carrière, j’ai réussi à m’ouvrir des portes, mais là avec l’appui de Sony je vais faire tomber des murs. Je suis conscient que cette collaboration va faire éclore de grandes choses. C'est une grande opportunité, pas seulement pour moi, mais pour la rumba congolaise dont je suis l’ambassadeur.
On retrouve sur Dynastie des collaborations avec Josey et Innoss'B. Que représentent ces deux artistes pour vous ?
Josey, Innoss’B, mais aussi Chily, le jeune rappeur français qui a des origines congolaises, m’ont fait l’honneur de participer à mon album et je ne cesse de les remercier. Une collaboration, c’est l’occasion de mélanger les univers, les inspirations, les sensibilités et d’en faire une œuvre exceptionnelle. J’ai pris énormément de plaisir à collaborer avec eux, ce sont des artistes avec une grande générosité musicale.
On vous appelle le Padre, d'où et comment est venu ce surnom ? Vous considérez-vous comme le père de la rumba congolaise moderne ?
C’est une fan qui m’a surnommé ainsi, car selon elle, j’incarne la vraie rumba, celle de mes aînés. J’ai beaucoup aimé ce surnom et je l’ai gardé. Suis-je le père de la rumba congolaise ? Oui et non… Je n’aurai pas la prétention de m’autoproclamer le père de la rumba congolaise, mais je sais que j’en suis l’un des ambassadeurs valables. Je porte haut l’étendard de cette musique que j’aime. J’ai une véritable responsabilité vis-à-vis de mes fans, en tant qu’éducateur de masse. Donc on peut dans un sens parler de rôle paternel. Protéger et préserver, faire grandir la rumba et la léguer aux générations futures.
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