
Concert : le grand jeu de piste d’Ukëry
Lauréate du programme Goethe Institut Kamerun 2022, Ukëry a fait sensation lors de son tout dernier spectacle le 25 août 2023 au Laboratoire Musical de Bastos, à Yaoundé. La présentation de son EP Enyin a servi de beau prétexte, pour se mettre en scelle. Retour sur une soirée unique empreinte de générosité.
- (Photo) : la chanteuse camerounaise Ukëry.
Yaoundé 27° - le temps pluvieux du vendredi soir n’a pas su retenir les inconditionnels. La timide salle du show d'Ukëry se remplit peu à peu d’amis, connaissances, famille et de melophiles venus découvrir la jeune chanteuse.
Il est 20 heures passées, à guichets fermés, lorsqu’elle fait son apparition sur les planchers. En talons noirs et une tenue près des bords, elle attaque avec une chanson intitulée « Akele », extraite de son tout dernier EP de 5 titres. La beauté et la tendresse de l'œuvre augure d'entrée que la soirée va être belle...
Aux premiers instants de l’apparition, un sentiment contagieux s’installe : Ukëry, avec sa large tessiture vocale, laisse affleurer une sensualité à fleur de peau.
« Maria », sa deuxième chanson qui met à l’honneur les femmes, place sa musique à la croisée de la soul, des variétés, et du bikutsi ; elle enchaîne dans la foulée avec « Man Zamba ».
À la virtuosité vocale, au charisme enflammé et aux textes sabrés dans un océan de sentiments torturés, la jeune artiste ajoute sa prestance ! C’est une véritable surprise pour qui ne l’avait jamais vue en concert avec son humour joyeusement foutraque et ses pas de danse énergiques qui détendent l’atmosphère, relevant plus encore son jeu puriste et prometteur. Un sentiment de progression, aux antipodes de sa scène en septembre 2022.
Dans un rapport aux mots très inventif, elle nous emmène plus tard dans l’ambiance délicate de « Ba Dihani » pour une berceuse colorée de rock en guitare. Il y a dans son monde, une lucidité à la fois mélancolique et joviale, mais pas désespérée. « Ngot » en levée de rideau nous propulse dans la danse sur un rythme tribal et une belle pulse. Les structures et les harmonies des morceaux sont renouvelées et souples.
Bien avant, elle nous a fait voyager sur les terres de son grand-père Eko Roosevelt, légende camerounaise de la musique, actuel chef traditionnel à Kribi, via le titre « Un petit bébé ». Avec le piano en gouttes délicates et la batterie aux balais, sa voix s’est lancée dans de larges envolées à la Annie Anzouer et Anne Marie Nzie, marquée par des soupirs fugaces sur « Kobite ».
Ukëry arrivera même à me faire retrouver du charme à cette chanson « Mon petit bébé », trop entendue et trop rabâchée...
7 chansons au rappel sur des ryhmes du Cameroun et du monde, charmantes et habitées, avec une interaction émouvante venue de la salle. Une acclamation de fin, en témoignage naturel d’une session live positive.
Après ce concert, il fallait saluer avec respect et admiration, Ukëry qui a si bien chanté pour nous enchanter. Ce n’est que le début et la jeune chanteuse devra redoubler d’ardeur pour donner l’entier éclat de son talent !
Il faudrait aussi saluer le groupe qui l'a accompagnée sur scène : Charles N’thepe (batterie), Manfouo Asnel (basse), Peka (guitare solo), Balla Mewulu Stéphane (piano), Ivan Arold Kadji - Lebong et Ndzana Inès (choeurs).
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