
LINCY ne s’était pas tue : elle s’était tue pour mieux revenir
Par Alpha leJeune
Elle avait surpris tout le monde par son départ, aussi soudain que la disparition impromptue d’un monument. En janvier 2024, lors de la 3ᵉ édition du Festival New School Power, LINCY, figure emblématique de la scène musicale tchadienne, annonçait officiellement qu’elle déposait le micro. Une décision inattendue, qui avait laissé ses fans entre incompréhension et émotion.
- LINCY
Un an et quatre mois plus tard, LINCY refait surface là où personne ne l’attendait. C’est à Moundou, capitale économique du Tchad, qu’elle est remontée sur scène à l’occasion du concert inaugural de la Fête de la Musique 2025, organisé par l’Institut français du Tchad en partenariat avec Moov Africa. Ni tambours ni trompettes. Juste une présence. Le retrait semblait avoir été un acte de résistance. Était-ce une pause stratégique ? Une nécessité intime ? L’artiste ne s’est pas exprimée à ce sujet.
Mais ce retour discret a provoqué une onde d’émotion. Car dans un paysage culturel comme celui du Tchad, où les femmes doivent souvent redoubler d’efforts pour s’imposer, LINCY propose une autre voie : celle d’une présence choisie, non imposée. À ce jour, aucun projet formel n’a été annoncé — ni album, ni tournée — mais sa seule apparition suffit à rallumer les attentes. Elle revient sans promesse, mais avec la promesse d’elle-même : celle de son univers, de sa voix, de son regard singulier sur le monde. Ce retour, tout en retenue, n’est en rien anodin. Il rappelle que les carrières artistiques peuvent aussi être faites de retraits assumés, de silences habités, et de retours lucides.
Née le 9 décembre 1992 à N’Djaména dans une famille chrétienne, LINCY découvre la musique très tôt dans les chorales religieuses, berceau de nombreuses voix féminines du continent. Elle entame sa formation musicale en 2004 au sein de la chorale pépinière de l’Église Protestante Évangélique de Djibouti (EPED), avant de rejoindre la chorale Shekinah Glory du Ministère Interdénominationnel d’Intercession Bethel, qu’elle fréquente jusqu’en 2011.
C’est avec le groupe P-Sang qu’elle entre pour la première fois en studio, enregistrant le morceau Bienvenue à N’Djaména, qui la révèle au grand public. Sa voix singulière, sa prestance scénique et son authenticité séduisent. Elle devient alors ambassadrice de la marque Tigo, enchaînant les scènes à travers le pays.
En 2014, elle franchit un cap décisif avec la sortie de L’impasse, son premier maxi-single, salué par la critique et le public. L’année suivante, elle remporte la finale tchadienne du concours Airtel Trace Music Star et représente fièrement son pays lors de la grande finale panafricaine au Kenya, confirmant son statut d’artiste à potentiel continental.
LINCY n’a jamais couru après les projecteurs. Elle les éclaire à sa manière, en choisissant ses apparitions, en sculptant le silence et la distance comme des espaces de création. Son retour sur scène à Moundou n’a peut-être pas été annoncé, mais il a été entendu. Profondément.
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