« Vɔnvɔn » de Faty ou comment ressusciter Gnonnas Pédro
Elle se réinvente en explorant d’autres possibles dans son approche musicale. Un atout pour celle dont la voix est un cœur qui épouse les vertiges de l’âme pour en faire des raisons de foi d’amour. En reprenant la légende béninoise Gnonnas Pédro, elle se fait légataire d’un héritage intemporel, de ce qu’on peut considérer aujourd’hui comme la trace sonore d’une période faste de notre musique béninoise.
Avec sa version, Faty apporte un support de mémoire qui rend mémorable le travail accompli par Gnonnas Pédro. La nouvelle génération pourra donc s’en emparer et se familiariser à ce qui a existé sans se sentir largué, sans vivre une forme de déphasage avec ses influences actuelles. Et cela, grâce à la direction artistique et l'arrangement de Fèmi Elcoutino, agrémenté par la guitare de Fifi Finder, les drums d'Epiphane G., la bass de Célestin Bass et les percussions de Yves G. Des musiciens qui ont réussi à établir un subtil métissage de modernité tendancielle et les références afro-funk, afrobeat, agbadja de la version originale.
Avec l’évolution des pratiques musicales et habitudes contemporaines, cette chanson « Vɔnvɔn » de Faty, est une forme de contribution à la transmission musicale béninoise de génération en génération. Ce qui permet de continuer à entretenir un mémorial musical partagé, en tant que reflet de notre histoire en acte et en mouvement.
Or dans sa reprise, Faty ne se contente pas seulement de revisiter les paroles du maestro : elle en réinterprète la symbolique comme la portée socio-culturelle. Nous passons donc d’une nouvelle interprétation à une manière nouvelle de penser le propos, le sujet et sa matière idéologique.
Ainsi, l’esthétique sonore (et visuelle d’ailleurs) se met au service de la thématique pour ancrer l’esprit rétrospectif d’engagement de Faty, de son subtil militantisme en faveur de la dignité et de la valeur des femmes. Et même, qu’à son insu, elle contribue à faire comprendre à qui s’y dérobe, que la génération des artistes de musiques urbaines, n’est pas aussi déconnectée du passé que beaucoup voudrait le faire croire.
En cela, la chanson « Vɔnvɔn » de Faty témoigne que sa musique reste attentive au flux de l’histoire. Et qu’elle sait se repenser, se transformer dans sa mouvance créative tout en cherchant à marquer son temps par un impact de transversalité.
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