Derrière la suspension du concert de Fally Ipupa, les tensions du show-business ivoirien
Le concert de Fally Ipupa, annoncé comme l’un des temps forts des festivités de fin d’année à Abidjan, n’aura finalement pas lieu le 1er janvier 2026 au Sofitel Hôtel Ivoire.
Le chanteur congolais Fally Ipupa
Par une ordonnance rendue le 18 décembre 2025, le Tribunal de commerce d’Abidjan a ordonné la suspension immédiate de l’événement, ainsi que l’arrêt de toute communication, publicité ou affichage s’y rapportant.
La décision a été prise dans le cadre d’une procédure en référé d’heure à heure, soulignant l’urgence et les enjeux économiques liés au litige opposant les organisateurs.
À l’origine de cette procédure : la société Horse Event Pub SARL, acteur ivoirien de l’événementiel, qui a saisi la justice contre Mad Mad Productions SARL (structure française liée au management de l’artiste), sa filiale Mad Mad Productions CI, ainsi que Fally Ipupa lui-même.
Horse Event Pub affirme être titulaire d’un contrat d’exclusivité, signé le 2 juin 2025 et complété par un avenant en septembre, lui conférant les droits exclusifs d’organisation de certains concerts de l’artiste à Abidjan, dont celui prévu au Sofitel Hôtel Ivoire le jour de l’An.
Selon le requérant, cet engagement aurait été gravement compromis par la conclusion ultérieure d’un accord parallèle avec un autre opérateur, pour un concert annoncé à la même période, en violation des clauses contractuelles.
Face à cette action, les défendeurs ont tenté de soulever plusieurs exceptions procédurales, notamment sur la compétence de la juridiction ivoirienne et la régularité de la saisine. Des arguments que le juge des référés a écartés, estimant que les conditions de l’urgence étaient réunies et que le trouble invoqué était suffisamment caractérisé.
Dans son ordonnance, le tribunal a considéré que la poursuite de l’événement risquait de causer un préjudice économique immédiat et difficilement réparable au promoteur ivoirien, justifiant ainsi la mesure conservatoire.
La décision est assortie de l’exécution provisoire, ce qui signifie qu’elle s’applique immédiatement, indépendamment de toute voie de recours. En clair : aucun concert, aucune promotion, aucune exploitation commerciale liée à l’événement ne peut légalement se poursuivre à ce stade.
Les parties défenderesses ont également été condamnées aux dépens, renforçant le caractère contraignant de l’ordonnance.
Sur le fond du dossier, le litige doit désormais être examiné par le Tribunal de commerce de Paris, également saisi, qui devra trancher définitivement sur la validité et la portée du contrat d’exclusivité liant les parties.
Ce concert du Nouvel An s’inscrivait dans une dynamique particulièrement active de Fally Ipupa en Côte d’Ivoire, pays où l’artiste congolais jouit d’une forte popularité et d’un public fidèle. Plusieurs dates avaient été annoncées à Abidjan au cours de l’année, faisant de la capitale économique ivoirienne l’un des pôles majeurs de sa tournée africaine.
La suspension judiciaire vient ainsi perturber un calendrier artistique et commercial stratégique, à un moment clé pour les industries culturelles locales, traditionnellement très sollicitées pendant les fêtes de fin d’année.
Au-delà du cas Fally Ipupa, cette affaire met en lumière les tensions structurelles qui traversent le secteur de l’organisation de concerts en Côte d’Ivoire : concurrence accrue entre promoteurs, multiplication des contrats transnationaux, enjeux d’exclusivité territoriale et risques juridiques élevés.
Dans un marché devenu central pour les grandes tournées africaines, la question de la sécurisation juridique des accords apparaît plus que jamais déterminante, tant pour les artistes que pour les producteurs locaux.
En attendant une décision sur le fond, le concert du 1er janvier 2026 reste officiellement suspendu. Toute reprise du projet dépendra de l’issue judiciaire à Paris ou d’un éventuel accord entre les parties.
Pour les fans, l’incertitude demeure. Pour les professionnels du secteur, l’affaire constitue un signal fort : à l’ère des grands shows panafricains, la scène ne peut plus se penser sans le droit.
























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