Afrobit, Koffi Olomide, Canal d'Or 2023 - les confessions de Sabrina...
Dans le grand foisonnement des talents du Cameroun, la voix cristalline de Sabrina se distingue par sa brillance et son message empreint d'optimisme.
Dans son art, la compositrice et interprète de chansons urbaines se propose comme le symbole d'une jeunesse africaine créative et décomplexée, résolue à l'idée de conquérir le monde.
Dans cet entretien pour Music in Africa, Sabrina, artiste désormais confirmée, raconte ses voyages et tous les rêves qu'elle porte pour sa carrière en plein développement.
Bonjour Sabrina ; vous avez récemment pris part au gala de la première édition des Trace Awards à Kigali, au Rwanda, et vous avez joué devant des personnalités du secteur musical africain. Qu'est-ce que vous avez ressenti à ce moment-là ?
Bonjour Jean de Dieu ; ce fut une très belle expérience ! Pour un artiste, ce n'est jamais aisé de jouer dans une zone où il n'est pas connu et de réussir à marquer les gens...
Quand je suis montée sur scène, je me suis tellement donnée, qu'à la fin de ma prestation, j'avais des personnes qui m'ont suivie jusqu'à la porte pour me féliciter et me dire qu'ils ont aimé ce que j'ai fait.
Et même le lendemain, lors de la cérémonie de remise des prix, il y avait encore des gens qui venaient vers moi pour m'adresser des félicitations. Je suis partie de Kigali avec la satisfaction du devoir bien accompli !
Sabrina, votre musique très urbaine, avec sa teinte amapiano à la façon sud-africaine, est une véritable curiosité. Voulez-vous la définir ?
Oui, je fais essentiellement de l'afrobeats et de l'amapiano. D'aucuns pourraient dire que l'amapiano est un style réservé à l'Afrique australe, mais peu importe d'où l'on vient et où l'on est, je pense que l'on doit être libre de pratiquer la musique comme on la sent.
Je me sens à l'aise quand je pose sur de l'amapiano ou sur de l'afrobeats. Cette musique décomplexée que je développe correspond bien ma personne, et je la fais avec beaucoup de passion pour offrir le meilleur à mon public.
Mais il faut dire que je préserve aussi, à travers mon art, un lien vital avec les rythmes de mon pays. Même si mes créations ont une forte dominance d'amapiano, vous pouvez y reconnaître les sons des guitares de chez nous et même des jeux de shakers typiquement camerounais comme on en fait dans le makossa ou le bikutsi.
Y'a-t-il des compositeurs et des producteurs d'amapiano au Cameroun ? Ou collaborez-vous avec des créateurs d'autres pays pour vos pistes instrumentales ?
Il faut dire que l'amapiano est une musique qui est de plus en plus pratiquée au Cameroun et je ne suis certainement pas la seule à en faire. Nous avons bien des gens qui produisent ce son localement.
Sabrina, cela fait déjà un moment que vous avez rejoint le label Afrobit qui gère désormais votre carrière. La collaboration se passe-t-elle comme vous le souhaitiez en intégrant l'écurie ?
Franchement, si je n'avais pas rejoint Afrobit, je ne pense pas que j'aurais pu m'en sortir...
C'est très important pour un artiste d'avoir un accompagnement de qualité ! Il y a beaucoup de choses qu'on ne dit pas forcément, mais nous avons toujours besoin de force, d'être bien entourés, encadrés...
Jusqu'ici, toutes les décisions et choix d'Afrobit me concernant, n'ont porté que du positif et je m'en réjouis fortement. Je suis très reconnaissante pour tout le travail qu'ils font pour m'accompagner et me pousser à atteindre mes objectifs !
Vous étiez récemment nominée pour le trophée de la meilleure artiste afro-urbaine à l'édition 2023 des Canal d'Or au Cameroun. Comment avez-vous vécu cela ?
Quand j'ai appris que j'étais nommée, franchement, j'ai ressenti une joie incommensurable, et je la ressens d'ailleurs toujours...
J'ai réalisé par cette nomination que je suis écoutée et que mon travail plaît aux gens. Pour moi, figurer dans la liste des candidats au prix était déjà une réussite en soi. C'est finalement Lydol qui a été primée et je suis très contente pour elle.
Nous étions 7 nominés, chacun avec ses arguments, et le public a tranché ! Mais par delà tout, c'est la culture camerounaise qui a triomphé et j'en suis heureuse.
Je vais continuer à travailler pour briguer une distinction dans cette catégorie dans les éditions à venir et être nominée, pourquoi pas, dans d'autres catégories...
Sabrina, vous avez marqué le public africain, en signant, il y a 2 ans, un featuring avec un géant de la chanson congolaise sur votre titre « Abele ». Voulez-vous nous raconter la belle histoire de cette rencontre avec Koffi Olomide ?
Honnêtement, je n'avais jamais imaginé que je pouvais faire un featuring avec cette légende...
Koffi Olomide est un artiste que j'ai connu dans mon adolescence ; je l'écoutais beaucoup parce que ma maman raffolait de ses tubes qu'elle jouait tout le temps. Je ne pouvais pas imaginer, en voyant tourner ses cassettes dans le poste radio de notre maison, qu'un jour je chanterais à ses cotés.
Quand mon équipe m'a annoncé que j'allais faire un featuring avec lui, j'étais à la fois contente et stressée...
Je me demandais s'il allait aimer ma voix et je me posais un tas de questions. Mais quand il m'a écoutée, il a tout de suite apprécié, et pour moi, c'était la libération !
Il a ressenti mon stress et s'est approché de moi pour discuter et me mettre en confiance. Il m'a demandé si je sortais d'une famille musicienne et bien d'autres choses.
Au studio, il m'a impressionnée. En seulement 30 minutes, il a eu le temps d'écouter, de se laisser porter par le rythme et de créer un texte en totale adéquation avec les vibrations de la chanson.
J'ai fortuitement choisi le titre « Abele », pour le morceau ; il ne signifie absolument rien dans ma langue et je l'ai juste adopté par ce qu'il sonnait bien sur le son, mais Koffi m'a expliqué qu'en lingala, la langue congolaise, le vocable désigne le tambour. La coïncidence ne pouvait pas être plus belle...
Je garde vraiment un très bon souvenir de ce grand artiste. Il est très sympathique et il arrive même qu'il m'écrive pour prendre mes nouvelles. Cela m'honore vraiment...
Peu avant votre featuring avec Koffi, vous vous êtes révélée au grand public camerounais, en signant une reprise du titre « Poser », de votre compatriote Daniela Ahanda. Envisagez-vous une collaboration avec elle aussi ?
Daniela est une artiste que j'aime beaucoup et je respecte fortement ce qu'elle fait. Si une occasion m'était donnée de collaborer avec elle, je la prendrais avec beaucoup de joie.
Des talents comme Daniela et vous, il y en à foison sur la scène urbaine camerounaise qui connaît une réelle effervescence. Comment jugez-vous le niveau de concurrence dans votre pays ?
Oui il faut l'avouer, la concurrence est forte et c'est une réalité du secteur musical camerounais. Mais j'essaie de me concentrer sur moi-même et sur mes qualités pour me faire une place.
Je compose et écris mes propres morceaux, je chante, je danse et je suis bilingue - tout cela fait ma particularité. Je sais aussi m'adapter à tous les rythmes et à différentes langues. Tous ces arguments m'aident à me démarquer et jusque-là je m'en sors bien.
Sabrina, préparez-vous une nouvelle oeuvre pour votre public ?
Oui je travaille actuellement sur le second album de ma discographie et je réserve plein de surprises à mes fans. L'opus n'a pas encore de nom, mais vous saurez tout en temps et en heure...
En attendant, je vous annonce la sortie de mon single « Sabrigang », qui est déjà disponible en ligne en audio, sur toutes les plateformes légales de streaming.
Un mot pour les lecteurs ?
Juste dire que tant qu'on a le souffle de vie, tout est possible !
Il faut toujours faire des efforts pour atteindre ses rêves et être discipliné, c'est ainsi que moi j'avance. Il faut aussi avoir foi en Dieu et ne jamais perdre espoir face aux épreuves de la vie.
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