
10 musiciens africains plus populaires à l’étranger que sur le continent
Il y a toujours un élément de subjectivité dans ce genre de liste, y compris dans celle-ci. De plus ce genre d’exercice n’a pas vocation à être définitif ou catégorique. Des chiffres tels que le nombre de vues sur Youtube ou la présence sur les réseaux sociaux ne disent pas grand-chose sur l’étendue du public ou le nombre réel de fans d’un artiste. Pour le moment, Cassper Nyovest est l’un des artistes les plus populaires en Afrique du sud et se produit régulièrement dans les pays voisins. Mais il joue rarement dans d’autres pays en dehors de l’Afrique australe et sa célébrité reste confinée principalement à cette région (et aux pays qui ont accès aux chaines câblées tels que MTV Base). De même, les collaborations avec d’autres stars internationales n’en disent pas plus sur la popularité d’un artiste à l’étranger ; mais ceci montre plutôt que celui-ci dispose d’assez de moyens pour se payer une collaboration avec des artistes de renommée internationale.
- Tinariwen. Photo: www.fanart.tv
Les critères sur lesquels je me suis basé pour la première et deuxième position sont les suivants : les concerts live et la longévité. J’ai étudié le calibre des événements où jouent ces artistes. Il y a, après tout, une différence entre jouer dans une boîte de nuit avec 200 personnes et régulièrement jouer dans des grands espaces devant des milliers de personnes comme dans l’arène O2 à Londres.
À cela s’ajoute la diversité de l’audience (Le public est-il constitué en partie des expatriés du pays d’origine de l’artiste ou est-ce un public varié composé aussi des représentants du pays d’accueil ?).J’ai laissé de côté les grands musiciens qu’on retrouve souvent dans ce genre de liste afin de mettre en lumière également de nouveaux talents.
1. Angélique Kidjo (Bénin)
Ne vous y méprenez pas, Angélique Kidjo est aussi populaire sur le continent africain qu’à l’étranger. Le public africain apprécie sa musique depuis ses débuts avec « Agolo ». Mais son influence est telle que ce serait une grande erreur de ne pas l’inclure sur cette liste. Le magazine Time l’a d'ailleurs élue « première diva d’Afrique » et la NPR (National Public Radio, un syndicat américain de chaines radios) « la plus grande diva africaine vivante ».
Au-delà des listes de récompenses et des prix, Angélique est une véritable boule d’énergie ! Elle a trouvé le moyen d’utiliser sa célébrité afin de sensibiliser le monde sur des problèmes auxquels la jeunesse africaine fait face. Elle a cofondé la fondation Batonga, une organisation qui s’occupe de l’éducation des jeunes filles et les motive à se prendre en main en tant que futurs leaders du continent africain. Personne n’aurait imaginé (elle-même compris) qu’elle deviendrait aussi populaire. Mais la voilà, presque 55 années plus tard, faisant toujours de la musique, collaborant avec différents grands artistes et voyageant dans le monde entier, chantre du changement qu’elle espère voir un jour. Nous n’oserons même pas aborder sa liste étourdissante de prix et nominations.
2. Ladysmith Black Mambazo (Afrique du Sud)
Joseph Tshabalala avait un rêve récurrent où il entendait Isicathamiya parfaitement chanté en harmonie. En 1964, la même année il rassemble des membres de sa famille et forme un groupe connu à l’époque sous le nom d’Ezimnyama. Lorsque Paul Simon va en Afrique du Sud pour enregistrer son album Graceland en 1985, Ladysmith Black Mambazo, nom par lequel ils devinrent connus plus tard, étaient déjà des artistes avec plusieurs disques de platine. Simon a produit leur album qui a remporté un Grammy en 1997, Shaka Zulu, et qui les a propulsés sur la scène internationale. Depuis ils sont devenus des ambassadeurs de leur pays à travers le monde. Récemment ils ont obtenu un 4e Grammy Awards pour leur album live intitulé Singing for Peace Around the World en 2013.
3. Die Antwoord (Afrique du Sud)
Ninja (de son vrai nom Waddy Jones) a flirté avec quelques projets underground avant de s’établir avec le groupe Max Normal.TV, (appelé Max Normal au début et qui deviendra ensuite Die Antwoord). Les efforts combinés de Ninja et sa partenaire Yo-landi Vi$$er, ont propulsé Die Antwoord (qui se produisaient régulièrement dans des petites scènes obscures de Cape Town) sur la grande scène internationale.
À présent ils effectuent régulièrement des tournées en Amérique du Nord, en Australie et en Europe. Ils ont eu quelques collaborations avec des personnalités internationales dont le styliste (Alex Wang), les réalisateurs (‘Chappie’ avec Neil Blomkamp) et le photographe Roger Ballen, en charge de la mise en scène d’un de leurs clips. Ils se sont fait remarquer également en refusant de faire la première partie de Lady Gaga ou en déchirant des œuvres de l’artiste Jane Alexandra. Ils sont l’un des plus grands groupes de rap du continent africain qui s’exporte à l’étranger. À chaque nouveau projet, on a l’impression qu’ils ne font que commencer et on ne peut que se demander avec quel projet ils vont encore nous surprendre.
4. Tinariwen (Mali)
Tinariwen fait ce qu’on appelle du « blues du désert ». Mais cette tentative de les classifier dans un genre particulier ne parvient pas à capturer toute la panoplie de leur genre musical. Ces musiciens touaregs, qui ont remporté un Grammy en 2012, font partie du peuple Berbère du Nord Mali et étaient des combattants rebelles jusqu’en 1979 lorsqu’ils décidèrent que la musique et non les armes, était la voie du progrès. Leurs influences s’inspirent de la musique de protestation chaabi, du rock, de la pop, du rai algérien et beaucoup d’autres genres.
Malgré le fait qu’ils soient actifs musicalement depuis un certain temps, ils ont été repérés qu’au début des années 2000. Ils ont depuis fait des tournées à travers le monde (Amérique du Nord, Europe, Japon et Australie) et ont participé à de grands festivals tels que Coachella, Roskilde et WOMAD. Lorsqu’on écoute la musique de Tinariwen (leur album Aman Iman est un bon album pour découvrir leur musique), on sent l’envie de ne pas se limiter à un genre précis. Leurs guitares sont dorénavant leurs munitions, et nous offrent des riffs de guitares, ponctués de sonorités venus du désert ; ce son inattendu est à la base de leur succès international.
5. K’Naan (Somalie)
K’Naan Warsame n’est pas basé dans son pays d’origine la Somalie. Il a quitté sa terre natale lorsque la guerre éclata. Il a grandi en Amérique du Nord, à jouer dans la neige et à perfectionner ses techniques de rap à l’aide des cassettes du rappeur Rakim que son père lui ramenait alors qu’il n’était encore qu’un enfant.
K’Naan devient populaire lorsque Coca-Cola a sélectionné « Waving Flag » comme hymne officiel de la coupe du monde de football de 2010 en Afrique du Sud. Ce qui lui a permis de faire une tournée dans une centaine de pays avec cette campagne, devenant une superstar du jour au lendemain, même s’il connaissait déjà du succès avec la sortie de son deuxième album Dusty Foot Philosopher et Troubadour et son troisième album qui comprend « Waving Flag ». Actuellement il côtoie de grandes personnalités du monde pour débattre de problèmes d’envergure mondiale comme lors de sa participation au Clinton Global Initiative qui s’est tenu au Maroc. Pendant ce temps, son public attend impatiemment qu’il lance un nouveau projet musical.
6. Les Refugee All-Stars de Sierra Leone (Sierra Leone)
Depuis leur formation dans un camp de réfugiés en 2004, les Refugee All-Stars de Sierra Leone vont de succès en succès. Un film inspiré de leur histoire a déjà été réalisé, ils sont apparus sur le show de la populaire Oprah Winfrey, et ont joué devant un large public à New York et au Japon. Leur film documentaire était produit par Ice Cube, le célèbre artiste de hip hop américain et acteur reconnu. Ils ont fait la première partie d’Aerosmith lors d’un de leurs spectacles en Amérique du Nord. Ce groupe, malgré le fait qu’ils côtoient régulièrement de grandes légendes internationales ne sont pas encore suffisamment connus sur le continent africain. Leur album Rise&Shine (2010) est un bon album festif. Leur dernier album, Libation est sorti en 2014.
7. Wizkid (Nigéria)
Le ‘kid’ est aussi populaire que Davido ou D’Banj sur le continent, sa popularité dépasse clairement les frontières nigérianes. La liste des prix pour lesquels il a été nominé est impressionnante (des MTV Africa Music Awards en passant par les Channel O Music Video Awards, les BET Awards ou encore les MOBO Awards). Mais c’est le buzz qu’il crée internationalement qui attire notre attention. Par exemple, il a été invité en studio à écrire pour Rihanna ou a fait quelques apparitions lors de concerts de Chris Brown.
8. Nneka (Nigéria)
Nneka est basée en Europe depuis le début de sa carrière professionnelle et ceci explique pourquoi elle est plus populaire ailleurs que sur le continent même, et précisément au Nigéria, son pays natal (Nneka est née au Nigeria et a grandi dans la région du Delta ; à l’âge de 19 ans elle est partie poursuivre ses études en Allemagne). Le talent de Nneka a été salué par des musiciens tels que Nas et Damian Marley ; elle a remporté un MOBO Awards dans la catégorie ‘ Best African Act en 2009) et s’est produit en live sur le très populaire talk-show américain, le Late Show de David Letterman. Des artistes tels que Rita Ora et Chase & Status ont respectivement samplé et remixé ses œuvres. Nneka est en ce moment en tournée pour la promotion de son dernier album My Fairy Tales. Ces derniers mois, elle a joué dans des festivals en Italie, Belgique et Allemagne.
9. Fuse ODG (Ghana)
Né à Londres et ayant grandi au Royaume-Uni, Fuse ODG (de son vrai nom Nana Richard Abiona) a créé le buzz récemment en refusant une invitation aux BET Awards. Il cite comme raison ‘le mauvais traitement des artistes africains’ de la part des organisateurs, mais aussi parce qu’il était déjà programmé pour jouer au festival de Glastonbury le même jour.
Malgré ses origines ghanéennes, il considère la Grande-Bretagne comme sa deuxième patrie. Sa chanson « Azonto » qui a été classée numéro 30 au UK Top Chart et a fortement contribué à populariser l’afrobeat est n mélange d’afrobeat de Fêla Kuti avec des sons électroniques New-Age et qui a pour résultat un effet pop envoûtant ! Il a également lancé le phénomène Azonto (danse fort populaire à l’origine de plusieurs vidéos virales il y a quelques années).
10. Boddhi Satva (République centrafricaine)
Les chansons et remixes de Boddhi Satva sont devenus synonymes de bonne ambiance garantie. Ceci est particulièrement vrai dans les boîtes de nuit spécialisées en dance music aussi bien sur le continent qu’à l’étranger. Influencé par la spiritualité africaine, il produit des sons inspirés par des mélodies africaines ancestrales qui lorsqu’ils sont joués par les DJs, embrasent les pistes de danse. DJ Boddhi Satva partage son temps entre la République centrafricaine où il est né et la Belgique où il vit et anime une émission radio.
Considéré comme le poulain du grand producteur, Osunlade, il a été choisi par Little Louie Vega (Masters @ Work) comme producteur et DJ lors de sa tournée. Boddhi Satva a aussi sorti des remix non officiels sur des chansons d’artistes tels que Björk, Little Dragon, Erykah Badu et Radiohead. Plus récemment, il a collaboré avec Kaysha sur le hit afro-house « Mama Kossa ». Sur son dernier album, Transitions, on retrouve des collaborations avec des artistes tels que Les Nubians, Davido et Karun (ancien membre du groupe Camp Mulla).
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