Six questions à Kwame Safo du British Council
Depuis 1934, le British Council relie les artistes et les publics à travers le monde, défendant la créativité comme un moteur de compréhension culturelle et de développement durable. Aujourd’hui encore, cette mission continue d’inspirer son action au sein de l’économie créative africaine, en pleine expansion.
Kwame Safo, responsable des relations artistiques au British Council
Parmi les acteurs clés de cette dynamique figure Kwame Safo, responsable des relations pour les arts au British Council. Fort de plus de vingt ans d’expérience en tant que DJ, producteur et défenseur de la culture, Safo est animé par une passion profonde pour les programmes qui soutiennent les talents créatifs et favorisent la collaboration entre l’Afrique et les autres marchés.
Basé au Royaume-Uni, il se rendra en Afrique du Sud à l’occasion de l’édition 2025 d’ACCES à Tshwane, où il participera, aux côtés de nombreux professionnels venus de tout le continent, à une table ronde intitulée « Modèles, réseaux et stratégies d’exportation : repenser l’accès mondial à la musique africaine ». Avant la conférence, il s’est entretenu avec Music In Africa sur l’engagement du British Council pour le développement créatif du continent, son approche des partenariats équitables et la passion qui nourrit sa vision collaborative.
MUSIC IN AFRICA : Comment le British Council soutient-il la croissance professionnelle des créateurs africains ?
KWAME SAFO : Dans le paysage musical africain, de nombreux talents émergents se heurtent à des obstacles en matière de ressources et de visibilité. Depuis 2022, notre programme Music Connects Africa a permis à plus de 150 artistes et professionnels de monétiser leur travail et de bâtir des carrières durables, créant ainsi 39 emplois directs et plus de 100 emplois indirects. Le soutien apporté à des artistes comme Mwendamberi, qui se produira cette année à ACCES, illustre bien ce qui devient possible lorsque l’accompagnement ciblé rencontre le talent brut.
Quelle place occupent la durabilité et la viabilité économique dans l’avenir du secteur créatif ?
Nous considérons les arts comme un levier d’entrepreneuriat et de croissance inclusive. Nos Creative Economy Weeks, organisées au Nigeria, en Ouganda et au Zimbabwe, ont touché plus de 2,5 millions de personnes en ligne et 3 000 en présentiel, réunissant artistes, décideurs politiques et entrepreneurs. Ces rencontres favorisent non seulement la mise en réseau, mais influencent également les politiques culturelles au niveau national.
Comment le British Council évalue-t-il l’impact à long terme de ses actions culturelles ?
La recherche et la collaboration sont au cœur de notre démarche. À travers des initiatives comme le International Showcase Fund, nous connectons les artistes africains aux marchés internationaux, tandis que des partenariats avec des experts de l’industrie, tels que Godwin Tom d’iManage Africa, permettent d’offrir des formations professionnelles qui renforcent l’écosystème créatif.
Comment les professionnels africains peuvent-ils tisser des liens mondiaux plus solides et plus équitables ?
Les acteurs africains doivent exploiter les outils numériques pour accéder à de nouveaux marchés et dépasser les centres créatifs traditionnels tels que Londres. Il existe un immense potentiel dans la collaboration avec l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. J’ai cofondé BLACMEX, le premier bureau britannique dédié à l’exportation de la musique noire, afin de relier les organisations engagées dans la valorisation des genres musicaux issus de cette culture – dont beaucoup trouvent leurs racines directes en Afrique.
Quelle place la collaboration occupe-t-elle dans votre travail ?
Le British Council estime que la collaboration équitable est essentielle. En plaçant les priorités locales au centre, nous construisons des partenariats durables, fondés sur la confiance et la réciprocité.
Pourquoi ACCES est-il une plateforme importante pour le développement créatif du continent ?
ACCES illustre parfaitement ce qui se produit lorsque la collaboration rencontre l’opportunité. Travailler avec des partenaires comme Music In Africa nous permet d’attirer des investissements, d’échanger des idées et de renforcer le dialogue politique à l’échelle du continent. C’est un espace puissant de créativité, de business et d’échanges culturels, et nous sommes fiers de l’accompagner dans sa croissance.
À propos du British Council
Le British Council est l’organisation internationale du Royaume-Uni pour les relations culturelles et les opportunités éducatives. Il œuvre pour la paix et la prospérité en tissant des liens, en favorisant la compréhension mutuelle et en bâtissant la confiance entre le Royaume-Uni et le reste du monde. Son action couvre les arts et la culture, l’éducation et la langue anglaise. Présent dans plus de 200 pays et territoires, le British Council dispose de bureaux dans plus de 100 pays. En 2024-2025, il a atteint 599 millions de personnes.
À propos d’ACCES
ACCES est un salon panafricain dédié aux professionnels de la musique, conçu pour échanger des idées, découvrir de nouveaux talents et créer des liens d’affaires. Organisé chaque année dans une ville africaine différente, il attire des acteurs de l’industrie musicale venus du monde entier. L’édition ACCES 2025 est coordonnée par la Music In Africa Foundation, une organisation panafricaine à but non lucratif, en partenariat avec la Ville de Tshwane, le South African National Conventions Bureau et le SAMPRA Development Fund.
























Commentaires
s'identifier or register to post comments