Hommage à Sarah Carrère MBodj, la pionnière de la kora au féminin

Nous avons rencontré Sarah Laure-Marie Carrère Mbodj dite Sarah Carrère Mbodj dans les années 1980 à Paris et avons tout de suite été séduits par son élégance et sa culture.

Sous son apparente réserve, cette artiste pleine de charme était une véritable battante. Elle faisait partie des pionnières, ces premières musiciennes africaines instrumentistes qui bravaient beaucoup d’interdits pour mener une carrière alors difficile.

Nous avons tenté en notre qualité de journalistes et de promoteurs des musiques africaines d’accompagner cette carrière naissante mais prometteuse en donnant quelques conseils professionnels, en aidant à la promotion.

Les artistes femmes africaines n’étaient alors qu’une poignée à se lancer dans une carrière internationale, et plus audacieuse que la plupart d’entre elles, Sarah avait choisi un instrument alors interdit aux femmes : la complexe kora mandingue.

Elle a véritablement ouvert la voie à de nombreuses artistes en brisant un tabou. Initiée par le virtuose de la kora, feu Bouly Cissokho, fils du maître Soundioulou Cissokho, elle a assuré avec lui de nombreux spectacles en France et en Europe à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

De sa double culture, sénégalaise et bretonne, Sarah a tiré tous les avantages et nous nous souviendrons toujours de son concert avec Alan Stivell, le grand maître de la musique celtique, les cordes de la harpe bretonne et celle de la kora offrant un son pur, aérien, profond. 

Sarah a promené sa kora sur toutes les scènes du monde, en Italie notamment où elle a enregistré avec d’autres artistes africaines et bien sûr en Colombie où elle a fini ses jours faisant découvrir dans ce pays l’instrument roi de la musique mandingue.

Merci Sarah pour ton courage et ta détermination.  Tu as montré la voie.

Nago Seck & Sylvie Clerfeuille - Journalistes, créateurs du site : www.afrisson.com