L'éducation musicale au Sud Soudan
L’éducation musicale au Sud Soudan est en voie d’évolution en raison de l'instabilité politique. Malgré les efforts concertés, la lutte de pouvoir entre le Président Salva Kiir et son ancien député Riek Machar a nui à la population locale ainsi qu’aux pays voisins.
Le Soudan du Sud accède à l’indépendance le 9 juillet 2011, suite à un accord de 2005 qui met fin à la plus longue guerre civile en Afrique. Le pays est composé de 10 états au sud du Soudan, et abrite plus de 60 différents groupes ethniques dont la plupart sont adeptes des religions traditionnelles. Lual Akol Nhial, l'attaché militaire de l'ambassade du Soudan du sud à Kampala, déclare que l'enseignement de la musique est très important parce que c'est un outil de communication où les mots manquent parfois.
Il affirme que la musique a été utilisée comme un outil pour défendre des causes sociales comme l'appel pour la paix et à la réconciliation. La musique est un média populaire, de sorte qu'il est utilisé pour l'instauration de la paix lorsque d'autres voies échouent.
Pour expliquer l'histoire de la musique au Sud Soudan, Akol se réfère à l'histoire du pays. « Il y avait des écoles de musique au Nord du Soudan avant que le Soudan du Sud ne se sépare », se rappelle-t-il. Il s'agit notamment de Khartoum International Community School [i] et l'Université des sciences et de la technologies [ii]. Avec la séparation, le nord du Soudan a conservé ses écoles, alors que le Soudan du Sud avait très peu de possibilités de former les futurs musiciens.
Le développement de ses institutions n'est cependant pas une priorité car la musique n'est pas considérée comme un choix de carrière viable.
Il est important de noter que malgré les relations compliquées avec la musique, la musique profane, porteuse de messages sociaux, est diffusée partout dans les médias.
Le système éducatif sud-soudanais est, cependant, toujours basé sur le modèle de celui de la République du Soudan. L'enseignement primaire consiste en huit ans de scolarité, suivis de quatre années en enseignement secondaire, puis quatre années en enseignement universitaire. Souvent appelé le 8-4-4, le système est en place depuis 1990. Dans l'enseignement primaire et secondaire, les élèves apprennent les bases de la musique.
Les écoles gouvernementales du primaire et secondaire
Après l'indépendance, le programme de formation des enseignants au Soudan du Sud lance le projet SSTEP, mis en œuvre par Export Development Canada (EDC) en partenariat avec Winrock International, Windle Trust et l'Église épiscopale du Soudan. Selon John Martin Opolot, un conseiller en éducation qui a contribué à mettre en œuvre le programme d'études, le projet SSTEP a produit des résultats substantiels au cours de ses trois années malgré les conditions extrêmement difficiles.
En effet, le SSTEP a soutenu des réformes politiques importantes notamment les normes professionnelles nationales pour les enseignants du primaire, qui ont permis d’établir les bases du secteur éducatif.
En outre, le SSTEP a mis à jour le curriculum de la formation des enseignants, y compris la révision de 90 livrets de formation continue, la formation de près de 3 000 professeurs à travers les dix états du Soudan du Sud, en soutenant 255 tuteurs. Près de 1 000 enseignants du nord du pays ont considérablement amélioré leurs compétences linguistiques en Anglais améliorant leur niveau de prestation du programme de l'enseignement primaire.
Bien que fiers de leurs réalisations, les initiateurs du projet SSTEP ont dû faire face à de nombreux défis en raison des luttes incessantes des membres du nouveau gouvernement du Sud Soudan et les défis auxquels le secteur de l'éducation est confronté.
« Cette nouvelle nation n'avait tout simplement pas les ressources suffisantes (humaines ou financières) pour s'acquitter de ses obligations. Le budget de l'éducation insuffisamment financé est le résultat des désaccords avec le gouvernement de Khartoum au Soudan qui ont entraîné de sévères mesures mises en œuvre en 2012 » explique en partie un rapport de l'USAID.
L'enseignement universitaire
« Lorsque nous avons obtenu notre indépendance, la musique au Sud du Soudan était seulement enseignée au niveau de l'université. Nous avons un ministère des arts à l'Université de Juba [iii]. Nous avons un grand nombre d'universités publiques, mais seul un établissement dispense des cours de musique » explique Akol.
Le ministère des arts, les étudiants et professeurs à l'Université de Juba sont tous co-auteurs de l'hymne national du Soudan du Sud.
Les programmes de développement de la musique
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les institutions privées sont intervenues pour enseigner la musique là où la formation formelle a échoué. Africa Children’s Choir (ACC) est un exemple.
L’ACC se concentre sur l'enseignement de la musique par le biais de son initiative Music for Life.
Music for Life est lancé au Soudan en 1993 alors que le pays est en plein milieu d'une violente guerre civile, et avant que les récits des garçons perdus du Soudan n’atteignent l'Occident.
L’ACC [iv] est un grand chœur composé d'enfants, âgés de 7 à 12 ans, de plusieurs nations africaines. Selon Abraham Kiyingi, le responsable des relations publiques de l’ACC, l'organisation a aidé à construire des écoles et des églises dans le sud du Soudan.
Toutefois, en raison des troubles, la plupart de leurs activités ont été perturbées. « Mais dans les écoles, nous enseignons toujours des chansons et des histoires de la Bible chrétienne », dit Kiyingi.
Sarah Wanyana, coordonnatrice des communications à l’ACC, explique qu’au cours des dernières années, ils ont mis en place des programmes éducatifs dans le sud du Soudan, travaillant avec les réfugiés vivant dans les camps d'Adjumani où les anciens élèves de l’ACC et diplômés universitaires enseignent la musique, la danse et autres compétences de la vie courante.
« Nous avons lancé un programme hebdomadaire appelé Music for Life. Les étudiants se rendent dans différentes écoles communautaires, travaillant principalement avec les élèves de l'enseignement primaire, leur enseignant la chanson, la danse, les versets bibliques ainsi que la vie quotidienne » explique Wanyana.
L’ACC, au-delà de l'encadrement de jeunes enfants, aide également à reconstruire l'ensemble de l'infrastructure au sud du Soudan. En 2001, l'ACC construit Bright Star Academy (BSA) afin d'accueillir le premier groupe d'élèves diplômés de l'école primaire de la région.
Akol se rappelle avoir étudié la musique pour la première fois à l'école secondaire Caltec Academy à Kampala en Ouganda.
« Nous étudions la musique pour passer au niveau supérieur sans autre motivation mais c'est un sujet qui est important pour quiconque est prêt à poursuivre une carrière musicale », conclut-il.
[iv] https://africanchildrenschoir.com/about/where-we-work/south-sudan
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