Yoyo Tinz : « Nous espérons créer une véritable scène hip hop »
Il n'est point à douter que le Hip hop est une culture en constante évolution sur le continent depuis plusieurs années. D’Abidjan à Douala, l'émulation envers le Hip hop et ses dérivés que sont entre autres le rap, le graffiti ou le djaying ne fait que croitre et il est clairement évident que désormais le Hip hop africain a une identité. Accra n'est pas en marge de cette révolution qui se profile sur la planète rap made in Africa et au nombre de ceux qui font bouger les choses dans la capitale Ghanéenne on peut citer le collectif Yoyo Tinz, que nous recevons en interview.
Que signifie Yoyo Tinz et qu'est ce qui vous a motivé à promouvoir le hip hop ghanéen ?
« Yo yo » est une onomatopée utilisée par les rappeurs et par extension, au Ghana c'est le nom donné au hip hop. Nous nous sommes rendus compte qu’il n’y a pas d’espace dédié à la culture hip hop. En tant qu’amoureux de cette culture, il était très difficile pour nous de trouver des informations sur les événements, les artistes, etc. On espère pouvoir combler ce manque avec Yoyo Tinz.
Quelles sont les différentes activités menées par le collectif ?
Le collectif réalise des articles, des interviews, documentation d’événements en rapport avec le hip hop au Ghana ; c'est une source d’informations pour les événements en rapport avec le hip hop au Ghana ; on créé des web séries en rapport avec le hip hop ; encourage les artistes à se rencontrer et à créer des liens ; Yoyo Tinz fait aussi la promotion d'artistes et organise des événements promouvant la culture hip hop au Ghana.
Comment se porte la culture hip hop au Ghana ?
Il y a certainement une scène, mais la plupart des gens ne pensent pas nécessairement au hip hop en tant que culture. L'élément le plus connu est le rap. Il y a une grande confusion entre hiplife et hip hop. Hiplife est un terme inventé par Reggie Rockstone pour définir une nouvelle version du rap ; quand les rappeurs rappent dans les langues locales. Au fil des ans la véritable signification du terme hiplife est devenu un débat sans fin. Il est difficile de distinguer ce qui est hiplife et ce qui ne l'est pas. En conséquent, il y a des artistes qui ne s'associent pas à la culture hip hop, comme les danseurs, DJ, etc. C’est parfois aussi parce qu'ils ne veulent pas être confinés dans un seul genre et louper le peu d’opportunités qui existent. Etre polyvalent vous donne plus de chances d'obtenir des occasions de vous produire. Mais il y a certainement des DJs hip hop; des artistes graffiti ; beat boxeurs et bboys.
Qu'est ce qui diffère dans la manière de faire entre la culture hip hop anglophone et celle francophone d’Afrique ?
Voilà une bonne question, nous ne connaissons pas beaucoup la scène hip hop francophone, mais l'un de notre objectif est de combler ce manque afin de mieux se comprendre. Voilà pourquoi nous avons commencé à traduire tous nos contenus en Français. Par ailleurs, quelques uns des membres de l'équipe ont l'intention de prendre des cours de français, nous souhaitons également rencontrer certaines des personnes clés dans le domaine du hip hop dans les pays francophones comme le Sénégal, le Togo, le Burkina Faso et nous essayons de collaborer avec des artistes francophones aussi souvent que possible.
Quels sont les évènements majeurs de la scène hip hop au Ghana ?
Il y avait Bless The Mic, un festival annuel qui rassemblait de nombreux artistes hip hop, et tous les principaux artistes avant qu'ils ne deviennent célèbres. Il n’est plus actif maintenant, mais il y a des concerts qui présentent des artistes de hip hop, mais encore une fois, principalement axés sur le rap et le DJing. Il y a aussi un mois du hip hop ghanéen en Mars, mais nous ne pensons pas qu'il a gagné suffisamment de visibilité. L'Alliance Française a récemment initié une semaine du hip hop à Accra qui met en valeur tous les éléments du hip hop. Il y a donc des initiatives, mais c’est toujours en phase de développement. Nous espérons que nous serons en mesure d'atteindre nos objectifs et créer une véritable scène hip hop dans le pays.
Quels sont les artistes majeurs de la scène ghanéenne ?
Sarkodie, EL, Edem, M.anifest, Fokn Bois, Joey B, Pappy Kojo, Jayso pour les rappeurs. DJ Black et Magnum pour les DJs. Jerry One pour la danse, il apparaît dans un grand nombre de vidéos. Pour les producteurs : Jayso, Dj Juls, Magnum. Nous croyons qu'il y a en plus et nous aurions besoin de faire des recherches à ce sujet, mais ce sont les noms qui viennent à l’esprit immédiatement. Pour les graffitis, nous avons Deff Art, il est très demandé et a travaillé avec Adidas par exemple. Il y a aussi Mo, qui a gagné en popularité grâce à ses œuvres pendant le festival d’arts de rue Chale Wote.
Est ce que le rap francophone africain est écouté au Ghana ?
Hélas non, à cause de la barrière de la langue. Certains d'entre nous et quelques uns de nos amis écoutent certains artistes francophones ; mais au Ghana, ce n’est pas courant, les artistes de rap francophones ne passent pas à la radio ni à la télévision. Certains tubes francophones sont diffusés à la radio alors peut être qu’il y a encore un peu d'espoir et qu'un jour il y aura également quelques artistes rap francophones.
Votre plateforme a remporté le premier prix au Concours Startups du Impact Music Conférence qui s'est tenu à Abidjan lors du FEMUA, comment avez-vous vécu cette expérience ?
Nous ne nous attendions pas à gagner, on a failli annuler notre participation à cause de problèmes logistiques. Lorsque nous avons entendu la nouvelle, nous étions vraiment contents et nous avions du mal à y croire. C'est une grande opportunité qui nous est donnée, et cela nous donne plus de motivation pour continuer le travail.
Quels retours avez-vous reçu de la part des gens après avoir eu ce prix ?
A cet événement, étaient présents diverses startups et acteurs du secteur culturel des pays francophones d'Afrique de l’Ouest, donc nous avons surtout reçu des commentaires de leur part et de la part des experts du panel. La plupart d'entre eux nous ont encouragés à être assidus, on nous a donné des idées pour générer des revenus et on nous a donné les noms d'autres startups qui pourraient nous inspirer, les contacts des personnes qui font un travail similaire, etc. Nous avons vraiment eu l'impression qu'il y avait un réel intérêt pour ce que nous faisons. Donc, nous avons maintenant besoin de travailler plus et de produire du contenu en Français et en Anglais. De plus, nous voulons davantage collaborer avec des artistes des pays voisins : Côte d'Ivoire, Burkina Faso et le Togo.
Désormais Yoyo Tinz c'est aussi un site internet. A quoi a t-on droit lorsque l'on visite cette plateforme que vous venez de lancer ?
Nous essayons d'avoir un site aussi complet que possible, où vous pouvez trouver des informations sur l'ensemble de la culture hip hop. Donc, nous avons une section dédiée à la culture elle même où vous pouvez trouver des articles sur les divers éléments du hip hop. L'onglet suivant intitulé « dialogue » est pour les interviews, puis il y a les « write ups » pour les articles, « wossop » pour les événements qui vont avoir lieu ou les événements que nous avons couverts. Nous allons essayer d’annoncer tous les événements liés au hip hop. Ensuite, sous l’onglet « gems » on entre dans la salle de connaissances : cette section du site fournira aux visiteurs des informations utiles et pertinentes sur la culture et a finalement pour but de partager les connaissances, sensibiliser, etc.
Pourrait on espérer un jour voir naître un Yoyo Tinz festival ?
Oh oui absolument ! C'est un projet sur lequel nous travaillons et nous espérons que nous serons en mesure de le mettre en place d'ici la fin de 2017.
Quels sont vos ambitions à court et moyen terme pour Yoyo Tinz et le hip hop ghanéen ?
A Court terme : poursuivre nos web séries, poster régulièrement sur les réseaux sociaux et sur le site. A long terme : faire un festival, avoir une chaine de télévision, une radio en ligne.
Commentaires
s'identifier or register to post comments