« Tonkara » 7 ans plus tard
En avril 2011, le Staff Benda Bilili faisait paraître une version live de son titre « Tonkara », en featuring avec Coco Yakala Ngambili. 7 ans après cette sortie, l’œuvre continue d’interpeller.
Je ne puis m’empêcher de débuter cette analyse par une affirmation que beaucoup pourraient légitimement contester. « Tonkara » n’est pas une chanson comme les autres !
Pour tout dire, ses compositeurs ne m’avaient jamais spécialement intéressé jusqu’au jour où, par pure curiosité, je décidai de visionner un documentaire relatant leur parcours.
Le Staff Benda Bilili, un collectif de 6 paraplégiques frappés par un mal cruel : la poliomyélite ! Qui plus est, leur handicap est accentué par une vie miséreuse dans les rues de Kinshasa (RDC).
Au lieu d’un matelas confortable, c’est sur du carton qu’ils se sont habitués à dormir, d’où l’intitulé de leur morceau « Tonkara » (anagramme de carton). Seulement, sur leurs lits de fortune ils ont rêvé et autour de la musique ils se sont associés, suivant le principe de l’union qui fait la force.
Dans « Tonkara », il y a autant d’influences musicales que d’artistes. Un fond de soukous, des accents cubains et même des airs entraînants de rumba congolaise, joués à la guitare électrique.
L’œuvre est dansante, quoique son message sur bien de points scandalise.
Alors qu’en Afrique les grandes agglomérations naissent, le sort des enfants de la rue inquiète. Ils vivent tout près des cités luxueuses, mais sont abandonnés dans des conditions pitoyables, face à la fortune parfois insolente des plus aisés, qui passent sans même leur jeter le moindre regard.
Il y a quelques jours seulement, l’ong Action en Milieu Ouvert (AMO) a appelé les autorités provinciales et les organismes internationaux travaillant dans la protection des enfants, à appuyer les organisations de la ville de Mbuji-Mayi (RDC), qui œuvrent sans financement dans l’encadrement des enfants de la rue.
7 années se sont écoulées, mais la voix du Staff Benda Bilili continue de faire écho dans « Tonkara », pour nous rappeler l’urgence de soutenir ceux qui peuplent les rues et qui passent des nuits blanches sur du carton.
Le refrain français de l’œuvre, écrite pour la grande partie en lingala (langue du Congo), délivre un message pour le moins essentiel : « il n’est jamais trop tard dans la vie ».
Les choses peuvent encore être changées si chacun y met du sien. La quête de l’égalité sociale est une des clés pour un véritable développement du continent africain, le Staff Benda Bilili qui s'est fait une notoriété à l'échelle internationale, nous le rappelle.
Œuvre exquise qui transcende les limites du temps, pour continuer de séduire près d’une décennie après sa sortie, le morceau « Tonkara » mériterait je le pense, d’être diffusé en boucle sur les stations de radio et télévisions du continent.
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