Sénégal : 6 questions à Cool'Art MC, l'initiateur du forum Musicultex
Créateur et entrepreneur sénégalais qui considère la culture comme un véritable moteur de dévéloppement, Cool'Art MC qui a récemment initié le forum international Musicultex, a accordé un entretien à notre rédaction pour parler de son initiative, mais aussi de sa carrière et de sa vision sur l'avenir du secteur culturel face à la menace du coronavirus.
Bonjour Cool'Art, pourriez-vous nous parler un peu de vous et de vos différentes activités ?
Bonjour Jean ; à l'état civil, je suis Matar Mbaye, artiste et entrepreneur culturel. C'est pour le développement de ma carrière artistique dans le hip hop que je me suis attribué le pseudonyme de Cool'Art MC.
Je suis également le patron de Neskiss, une entreprise qui oeuvre dans le secteur des cultures urbaines au Sénégal. Nous accompagnons des artistes musiciens avec des services de production musicale et de gestion de carrière. Neskiss qui fait également dans l'événementiel, est basé à Thiaroye-Sur-Mer, dans la banlieue de Dakar (Sénégal).
Pourquoi avoir fait de la ville historique de Thiaroye, le centre de vos activités ?
Le choix de cette localité n'est vraiment pas anodin ! J'ai grandi dans la banlieue dakaroise et je connais les problèmes auxquels les jeunes y sont confrontés. Je sais également que Thiaroye, à l'instar de beaucoup d'autres villes de la périphérie de Dakar, regorge de nombreux talents dans les cultures urbaines ; j'ai donc voulu leur apporter de l'aide afin qu'ils s'en sortent...
Au départ j'avais beaucoup d'idées, mais je ne savais pas comment les concrétiser. Après des voyages en Russie et au Maroc où j'ai pris part à de grands événements musicaux, notamment le salon professionnel marocain Visa For Music au Maroc, j'ai beaucoup appris sur le business musical et j'ai décidé d'entreprendre à Thiaroye en ouvrant Neskiss, pour permettre aux jeunes artistes de bénéficier d'un service d'encadrement professionnel et d'un bon studio d'enregistrement.
Toutes ces facilités, je ne les ai pas connues dans ma carrière, c'est pourquoi je me bats pour que les plus jeunes se développent dans de meilleures conditions. Musicultex va également dans ce sens.
Justement, qu'est ce que Musicultex ?
Musicultex est un rendez-vous professionnel en ligne que j'ai initié depuis septembre dernier et qui devrait s'achever en décembre 2020. Chaque dimanche, dans le cadre de ce forum international, je reçois un artiste et un opérateur culturel, qui parlent de leurs parcours et fournissent des conseils pratiques aux auditeurs, pour leur permettre de mieux développer leurs carrières et leurs entreprises.
La thématique principale du webinaire est « Entreprendre dans les cultures urbaines », et pour parler du sujet, je fais appel à des intervenants sénégalais, mais aussi à des artistes et entrepreneurs du reste du monde, qui livrent des contributions souvent très enrichissantes, qui nous permettent de comparer ce qui se passe ici et sous d'autres cieux.
Musicultex est également est une plateforme de rencontre et de networking car les participants étrangers et locaux que nous réunissont intéragissent et tissent des liens.
Nous recevons parfois des tourneurs et agences de booking de la Grande Bretagne, de la France, et dernièrement, nous avons même eu un représentant du musée américain du hip hop. Notre idée est de pouvoir utiliser ce réseau plus tard, pour exporter encore plus les musiques urbaines du Sénégal et pourquoi pas, réussir à faire tourner nos jeunes créateurs dans de grands spectacles sur les autres continents dans les années qui viennent.
Puisque vous parlez des années qui viennent ; croyez-vous que le business musical continuera de bien tourner avec cette crise sanitaire mondiale qui ralentit la marche du monde ?
Oui je suis très optimiste. S'il fallait parler des cultures urbaines seulement, je pense que la crise n'a pas vraiment empêché les artistes de faire ce qu'ils connaissent le mieux : créer !
ll y a un pullulement d'oeuvres musicales, de quoi laisser imaginer que les auteurs étaient encore plus inspirés pendant les périodes d'isolement. Tant que la création survivra, nous trouverons des moyens de la vendre. Le digital s'offre à nous en ce moment pour contourner la crise, donc nous allons nous y mettre résolument.
Cool'Art MC, pourriez-vous nous parler de votre actualité musicale ?
Il y a un fait d'actualité qui me marque énormément, ce sont ces milliers de jeunes africains qui meurent dans l'Atlantique en tentant d'immigrer clandestinement en Europe. On en parle depuis un moment déjà et les choses ne changent pas.
J'envisage de regrouper quelques créateurs sénégalais afin qu'ensemble, nous écrivions une chanson autour de ce thème, pour conscientiser la jeunesse et lui rappeler qu'il est possible de bien vivre et réussir en Afrique.
Je prépare aussi la tenue du Festival Yeksil 2021, avec mon entreprise Neskiss.
Un mot pour la fin Cool'Art MC ?
Je tiens à remercier la Fondation Music In Africa pour le travail immense qu'elle abat pour le développement de la musique sur le continent. J'ai été à la première édition de sa conférence ACCES ici à Dakar en 2017 et j'ai vraiment apprécié !
Je voudrais également appeler les dirigeants du continent à investir dans la culture. L'État sénégalais a fait un beau geste dernièrement en décaissant des milliards pendant l'état d'urgence sanitaire, pour aider les créateurs à faire face à leurs problèmes financiers. Cela doit être reproduit le plus souvent car les artistes en ont besoin.
Les créateurs doivent être soutenus, car ils sont les premiers ambassadeurs de leurs pays.
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