Les opportunités pour les musiciens en Guinée
Le rêve de tout artiste est sans doute de pouvoir vivre décemment de son art. En Guinée, les artistes arrivent, tant bien que mal, à bénéficier de quelques opportunités dans un contexte où les métiers artistiques demeurent encore faiblement soutenus.
Si la musique guinéenne essaie tant bien que mal de se distinguer positivement, elle est souvent freinée dans son élan par quelques handicaps.
En 2013, l’opérateur français de téléphonie Orange, a lancé à Conakry un concours de musique avec à la clef la production d’un album pour le gagnant. Le prix a été remporté par un jeune artiste d’influence reggae, surnommé le Maréchal Levinston. Seulement, l’album attendu n’a jamais été produit parce que l'opérateur s'est finalement rétracté, après que le jeune artiste a mis fin à sa carrière à cause des pressions familiales.
Sur la même lancée, entre 2014 et 2015, la radio Espace Guinée a ouvert un créneau aux jeunes artistes, qui venaient réaliser des prestations en live sur ses ondes. Les différentes prestations étaient notées par les auditeurs. L'artiste le mieux noté de tous, devait bénéficier de l’enregistrement d’un album, ainsi que d’une promotion de son produit via tous les canaux du réseau Hadafo Média, partenaire d'Espace Guinée.
Beaucoup d'autres concours de ce genre ont vu le jour en Guinée pour faire propulser les jeunes talents.
- Les concours du Centre d’Écoute de Conseil et d’Orientation des Jeunes (CÉCOJE) :
A Labé la capitale du Fouta Djallon, le CÉCOJE organise chaque année (depuis 2012) un concours de rap pour la sensibilisation de la population sur les IST/VIH/SIDA. Le vainqueur du concours empoche un million de francs, puis affronte celui d'un autre concours de la région dénommé Mamou, pour tenter d'avoir la distinction du meilleur artiste du Fouta Djallon. Tkillah est l’actuel détenteur du titre.
- Le concours Mic ki crash
Initié en 2013 par la structure Skyprod, le concours Mic ki crash vise à faire élire par les mélomanes, le meilleur morceau de l'année. Les candidats retenus exécutent leurs morceaux choisis devant un jury d'experts, qui les juge selon le contenu de leurs chansons, mais aussi leur présence scénique. Les avis du jury sont appuyés par le vote des auditeurs.
- Autres opportunités existantes
Le télécrochet l’Afrique a un incroyable talent présenté par l’animateur Peri Cochin sur la RTI 1, l’ORTM et l’ORTB depuis le 14 octobre 2016, propose 30 épisodes à l'issue desquels, un vainqueur est désigné sur la base de la qualité et de l’originalité de sa prestation. Le gagnant reçoit la coquette somme de 10 millions de francs CFA, en plus de la notoriété que lui donne la compétition.
La Guinée qui était représentée à la première édition de ce concours, a vu briller les frères Sylla qui ont enchanté le continent avec leurs talents de contorsionniste.
Le Prix Découvertes RFI institué par la station de radio française, pour donner plus de visibilité à des artistes africains méconnus, a aussi servi de tremplin à quelques talents guinéens. Ce prix très convoité offre un prix de 10000 euros et une tournée internationale. Les Guinéens Sia Tolno et Souleymane Bangoura aka Soul Bang’s, l’ont remporté respectivement en 2011 et 2016. Le chanteur Kandia Kora Kouyaté a pour sa part été 3e de ce prix prestigieux.
- Les sponsors
Pendant longtemps, les sponsors ont été aux abonnés absents dans l’accompagnement des évènements culturels, surtout à l’intérieur du pays. Mais l’éclosion de talents comme Takana Zion, Petit Kandia, BLZ et bien d'autres originaires des provinces, a poussé les grandes firmes à explorer les talents de campagne.
Pour un récent concert de MHD originaire de la Guinée, pas moins de 5 sponsors ont accompagné l’évènement. Principalement l’opérateur téléphonique MTN, avec Palm Camayenne, Aigle Azur, Justanagik et les boissons énergétiques Commando.
- Les ateliers d’écriture
Les ateliers d'écriture représentent une chance pour tous ces artistes qui mettent leurs compositions sur papier. C’est en 2001 que les premiers ateliers ont été organisés. À cet effet, des artistes venus de pays avancés dans le domaine comme le Sénégal ou la France, ont partagé leurs expériences avec les artistes guinéens. Des groupes comme Positive Black Soul du Sénégal ou encore le Troisième œil de la France, ont fortement contribué au succès de ces ateliers.
Hélas l'initiative n'a pas duré, en raison d'un manque d'engagement réel des organisateurs.
- Les bourses
L'État qui était sensé octroyer des bourses et ouvrir des opportunités aux artistes, ne fait pas grand-chose. Le département de la culture est aujourd’hui le parent pauvre du gouvernement guinéen.
En plus de ne recevoir que les miettes du budget gouvernemental, ce département manque très souvent de vision pour accompagner les jeunes talents dans leur épanouissement. Il ne propose aucune perspective louable, pour permettre aux artistes d’aller apprendre et se professionnaliser dans leurs domaines.
Aucun n'effort n'est fait pour réunir les talents au sein de structures locales, qui puissent assurer leur promotion au bénéfice de la nation entière.
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