Les opportunités musicales au Tchad
La scène musicale tchadienne offre des nombreuses opportunités aux jeunes artistes. Festivals, formations et autres rencontres sont des occasions pour dénicher et faire la promotion de nouveaux talents.
Les festivals, une opportunité pour les jeunes artistes
Deux grandes opportunités s’offrent aux jeunes artistes tchadiens. Il s’agit de Ndjamvi et de N'djam hip hop. Ndjamvi, considéré comme le plus grand festival de musique au Tchad a connu un succès dès sa première édition en 2007. C’est le seul festival de la place qui accueille près de 10.000 personnes en une soirée. Il répond aux besoins d’absence de cadre pouvant stimuler et promouvoir la créativité musicale tchadienne.
Ndjamvi récompense les jeunes talents qui font face à moult difficulté à se frayer un chemin sur la scène musicale. Le festival a instauré des prix dans plusieurs catégories (world musique, hip hop, musique d’inspiration traditionnelle, musique arabophone). Les lauréats bénéficient également de la production d’un album, d’une tournée promotionnelle nationale ainsi que de l’encadrement d’ECAM (Espace d’Accompagnement et de Création Musicale), une structure créée pour accompagner les jeunes artistes.
Le souci de professionnalisation du secteur musical a amené Ndjamvi à passer de sa dimension locale à une dimension internationale tout en intégrant dans sa programmation les artistes de la sous-région.
De 2007 à 2015, Ndjamvi a totalisé 407 concerts de musique qui ont vu sur scène 392 groupes locaux et 15 groupes étrangers. Ndjamvi c‘est aussi 26 prix attribués dans plusieurs catégories de musique et des thématiques diverses à chaque édition.
Ndjam hip hop, cet autre événement musical est né des cendres du mois de « Hip Hop » célébré en février de chaque année, est une initiative de l’Institut Français du Tchad en collaboration avec le Réseau Culturel et Artistique pour la formation et la francophonie (Récaf).
Aujourd’hui, Ndjam hip hop est devenu la plus grande, sinon la référence, des festivals de musique urbaine. Trois espaces (Maison de la culture Baba Moustapha, l’Institut Français du Tchad et l’Espace culturel Talino Manu) accueillent les différentes étapes de la compétition. Comme pour le festival Ndjamvi, le finaliste de Ndjam hip hop bénéficie également de la production d’un album (prise en charge en studio jusqu’à la sortie du CD sur le marché du disque).
Au regard de la circulation des artistes et de leurs œuvres qui demeurent toujours un problème récurrent en Afrique centrale, le festival Gabao (festival de musique urbaine organisé au Gabon) qui est une manifestation sous-régionale, est considérée par les rappeurs tchadiens comme une véritable bouée de sauvetage.
Des artistes du hip hop tchadien rivalisent d’ardeur pour participer à ce festival. C’est donc un rendez-vous très important pour eux. Ce qui les évite d’opérer en vase clos, mais de s’ouvrir, d’échanger, d’acquérir diverses expériences et de confronter leur savoir-faire.
Formation et partage d’expérience
L’échange d’expérience très enrichissant a permis aux jeunes artistes tchadiens d’apprendre davantage sur la professionnalisation d’une carrière musicale. Plusieurs artistes africains ont séjourné à N’Djamena pour participer aux festivals et encadrer les nouveaux talents à travers des sessions de formation.
A titre illustratif, la chanteuse gabonaise Annie-Flore Batchiellilys, invitée au festival Ndjamvi en 2014, est revenue en 2015 dans la capitale tchadienne pour organiser des séances de formation en technique vocale destinées aux jeunes musiciens. Parmi les bénéficiaires figure la chanteuse tchadienne Geneviève Madjibeye qui a remporté le prix Ndjamvi 2015 dans la catégorie « world music ».
À l’issue de cette formation, une école musicale dénommée « Reougoss » a été créée. Lors de l’édition 2015 du festival NdjamVi, un atelier de création musicale a été organisé, il a regroupé les jeunes talents du Tchad, du Cameroun, du Gabon et de la RDC.
Outre l’Institut Français de Kinshasa (IFT) qui organise périodiquement des résidences de création musicale, le plus gros contributeur demeure le Soubyanna Music. Un groupe créé en 2002, qui se produit régulièrement et dispose d’un espace dénommé « Royaume culturel de Soubyanna ».
L’apport des institutions
L’Institut Français du Tchad (IFT) contribue énormément à la promotion des jeunes musiciens et leur offre des opportunités telles la programmation et la communication autour des concerts, l’accès à la salle de répétition et celle du spectacle pour les talents confirmés, la facilitation d’obtention de visa, la mise à disposition des titres de transport, l’accès à internet, l’accompagnement à la structuration de projets musicaux et l’ouverture à l’international (exemple de Mounira Mitchala lauréate des Prix découvertes RFI 2007).
Ces quatre dernières années, l’IFT oriente son accompagnement vers la mise en commun des talents, ayant des évènements similaires, notamment dans le domaine de la danse chorégraphique (Festival Souar Souar), de la mode et du stylisme (Festival Kélou Fashion) et de l’artisanat d’art (Salon des Arts Appliqués et de l’Artisanat).
Au niveau du ministère de la culture, le nomadisme du département (tantôt rattaché à la jeunesse et sport, tantôt au tourisme) et des ministres qui se succèdent font que les plans d’action sont en perpétuelle réactualisation. Les subventions aux artistes (production d’album, réalisation de clips vidéo, appui aux festivals, tournée nationale, etc.) sont le plus souvent timides et occasionnelles. Les opportunités pour les voyages relevant du ministère de la culture sont rares.
Néanmoins, il faut relever l’appui du ministère à la participation des musiciens à certains évènements de référence sur le continent. Notamment le Fespam (Festival panafricain de musique) au Congo Brazzaville (éditions 2005, 2007, 2015), le Sica (Stars de l’intégration culturelle africaine) à Cotonou au Bénin (les éditions 2011, 2012, 2013), le Masa (Marché des Arts et du spectacle africain) à Abidjan en Côte-d’Ivoire (2014 et 2016).
Le plus souvent, les opportunités sont à l’initiative des promoteurs culturels locaux, qui en fonction de leur réseau, s’appuient sur les partenaires privés et réussissent à faire voyager les musiciens hors du continent. Et cela, grâce au soutien des médias nationaux (radios, télés, journaux) qui contribuent significativement à la promotion et à la visibilité des jeunes musiciens.
La Maison de la culture Baba Moustapha de N’Djamena, réhabilitée par l’Etat en 2007 sur une subvention de l’Union Européenne, connait un regain d’affluence de jeunes artistes depuis ces deux dernières années. Disposant du matériel, des salles (spectacle, répétition et réunion) et d’un studio d’enregistrement, elle offre l’opportunité aux jeunes talents de se faire encadrer par des professionnels locaux, tout en assurant leur promotion.
Référence : Journal du Tchad : http://www.journaldutchad.com Institut Français du Tchad (IFT) Blog Jeune Tchad : jeune-tchad.over-blog.com
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