La politique culturelle de l'Éthiopie
L'Éthiopie est un pays caractérisé par une riche diversité au niveau culturel et linguistique. Le gouvernenement tente tant bien que mal d'exploiter cette richesse, sans vraiment y parvenir.
Quand on parle de la diversité culturelle de l'Éthiopie, on pense à son vaste patrimoine matériel et immatériel, avec ses expressions culturelles traditionnelles et modernes, ses langues, et ses siècles de savoir-faire dans la production artisanale.
9 des sites répertoriés sur le site du patrimoine mondial de l'UNESCO, sont en Éthiopie, attestant de l’exceptionnelle valeur universelle du patrimoine éthiopien.
Ce texte se penche sur les politiques en place et les défis pour le secteur culturel de l'Éthiopie.
L'Éthiopie abrite plus de 80 groupes ethniques, ayant chacun leurs propres langues, cultures, coutumes, traditions et modes de vie. Un rapport de 2014, portant sur la contribution des droits d’auteur à l'économie Éthiopienne, indique que le droit d'auteur et les industries connexes contribuent à environ 4,73 % du produit intérieur brut (PIB) de ce pays d’Afrique de l'Est.
Malgré l’adoption des lois sur le droit d'auteur et la création d'une institution pour sa mise en œuvre, la violation de ce droit sévit toujours. C'est en grande partie dû au manque de moyens et au manque de sensibilisation de la population.
La constitution de la République fédérale démocratique d’Éthiopie de 1994 [i] contient les grands principes et lignes directrices censés gouverner le pays. La politique culturelle est l'une des nombreuses politiques et stratégies abordées.
Le conseil des ministres approuve en octobre 1997, cette politique méconnue, qui garantit l'accès libre à la culture pour "toutes les nations, nationalités et peuples d'Éthiopie". Il s'agit d'une tentative de l'ancien ministère de la jeunesse, des sports et de la culture [ii] (maintenant le ministère de la Culture et du tourisme), de mettre fin à toutes les pratiques discriminatoires, réelles ou résultant d'un sentiment, perpétrées par les régimes précédents, y compris le régime Derg, renversé en 1991 après presque deux décennies de lutte sanglante.
La politique comprend de grands projets, parmi eux le renforcement des infrastructures du pays mais aussi la restructuration du bureau chargé des affaires culturelles, afin d’assurer son fonctionnement de façon démocratique.
Ce n’est qu’en octobre 2010 que cette proclamation entrera en vigueur. Lorsque Meles Zenawi prête serment en tant que premier ministre, un nouveau ministère de la Culture et du tourisme est désigné et formé. Selon le premier ministre, la restructuration du ministère est une nécessité pour la sauvegarde du patrimoine Éthiopien et son potentiel touristique.
Contenu et objectif de la politique
La politique culturelle approuvée en 1997 a permis la création de conditions propices pour effectuer des recherches scientifiques sur les langues, le patrimoine, l’histoire, l’artisanat, les beaux-arts, la littérature orale, les connaissances et croyances traditionnelles ; s'assurant que tous les citoyens puissent librement et démocratiquement participer à toutes les activités culturelles, tout en créant des situations favorables aux artistes créateurs et chercheurs travaillant dans le secteur culturel.
Mais tous ces changements structurels n’auront pourtant pas permis l'évolution du secteur. Les acteurs culturels ont toujours plaidé pour la nécessité d'une politique culturelle populaire qui permette d’établir les grands axes d’orientation pour le développement du secteur.
Il est également important de noter que le secteur a longtemps été négligé, notamment par ses plus hauts responsables qui n'ont pas pu participer activement à son développement.
La politique de 1997 fait mention de la question du droit d'auteur, préoccupation majeure des artistes. En 2003, l’Ethiopian Intellectual Property Office (EIPO) [iii] est mis en place. L’EIPO comprend cinq unités d'affaires principales et deux unités de soutien. En plus de la protection juridique, l'EIPO a pour mandat de recueillir, organiser et diffuser les informations techniques contenues dans les documents de brevet afin d'encourager son utilisation.
Les défis
Selon un rapport de 2013 du MDG Achievement Fund [iv], le soutien de l'État pour le pluralisme culturel en Éthiopie est très limité et la capacité institutionnelle reste insuffisante. Comme dans de nombreux autres pays en développement, la pression démographique, la dégradation de l'environnement, la pauvreté et le réchauffement de la planète mettent en danger le patrimoine naturel et culturel en Éthiopie.
Le rapport indique que les connaissances et pratiques autochtones en matière de gestion de l’environnement n'ont pas été utilisées pour protéger ces ressources
En outre, les industries créatives manquent de cadre juridique inadéquat, de capacités opérationnelles, d'entreprenariat et marginalisent les artisans.
En 2013, le MDG Achievement Fund organise un atelier de formation et de renforcement des capacités destiné aux institutions gouvernementales, ONG, institutions religieuses et membres de la communauté, dans le but de s’attaquer aux défis évoqués ci-dessus.
À l'exception d'un rapport de 2014 sur les industries créatives, l'absence de données de base ou d'informations statistiques tangibles sur la culture et les industries créatives ou encore sur leurs contributions à l'économie nationale, fait défaut. Le gouvernement hésite ainsi à allouer plus de ressources à la culture sans raison concrète ou encore sans statistique certaine.
Conclusion
Il serait temps de revoir la politique culturelle de 1990 et de l’adapter aux besoins actuels du secteur culturel. Le renforcement des capacités par la formation est une étape importante vers la mise en œuvre de la politique culturelle.
Il manque également des structures culturelles pour appuyer le développement souhaité. Comme indiqué dans le Plan de transformation et de croissance 2011-2017 (GTP) [v], la protection et la promotion de la diversité culturelle de l'Éthiopie est un élément essentiel de la promotion de la politique culturelle. Plusieurs institutions devraient être mises en place pour atteeindre cet objectif.
Le GTP devrait sérieusement se pencher sur la promotion de la culture des différents peuples de l'Éthiopie au même rythme que le système éducatif moderne. La diversité culturelle demeure une importante ressource à exploiter.
[i] http://www.wipo.int/edocs/lexdocs/laws/en/et/et007en.pdf [ii] http://www.mysc.gov.et/culture.html [iii] https://www.facebook.com/EIPO12/timeline [iv] http://www.mdgfund.org/program/harnessingdiversitysustainabledevelopmentandsocialchange [v] http://aigaforum.com/articles/eth-gtp-plan-half-way.pdf
Commentaires
s'identifier or register to post comments